Sur la fonction traditionnelle des sexes
En réalité, il faut se référer à la nature des sexes pour en comprendre la destination et pour descendre, du plan métaphysique, au plan contingent, social, de façon à établir un rapport normal selon la vérité et la justice, sans se laisser entraîner par des impulsions irraisonnées ni par un verbalisme parfaitement imbécile. Disons sans plus attendre que la sexualité, au sens supérieur, implique dualité, distinction, et que cette distinction ne peut être originelle : car dans la Suprême Réalité, qui est Dieu, il n’y a rien à séparer ou à distinguer, à opposer ou à discerner. Elle est ce qu’elle est, et le caractère impénétrable de Son mystère est la garantie de Son absoluité. Cette unité substantielle, radicale, originelle, est admise implicitement partout, appartient à toutes les traditions, est le fondement de toute croyance reposant sur l’idée de transcendance et d’infinité divines. D’ailleurs, si mathématiquement parlant la série indéfinie des nombres sort de l’unité sans laquelle elle n’existerait pas, il est logique que la Réalité Suprême soit l’unité absolue, celle qui n’admet pas la distinction ou la dualité. Nous désirons faire comprendre que la polarité apparaît, pour ainsi dire, dans un deuxième temps, et que, tout en existant dès lors qu’elle est posée, elle doit toujours être rattachée à la réalité originelle qui est absolument une et indivisible.
D’où il découle que les sexes, bien que distincts et séparés, ont une seule et même origine : il y a donc en eux, simultanément, différence et similitude, ce qui signifie qu’ils ne sont pas opposés mais complémentaires. Ce point est de la plus haute importance pour mettre en évidence le grave préjugé des modernes, qui s’obstinent à considérer les sexes comme antinomiques, comme deux réalités irréductibles, radicalement opposées, destinées à s’affronter, ce qui expliquerait l’origine du « problème sexuel » et par conséquent l’impossibilité de le résoudre. Mais lorsqu’on considère la vraie nature de la détermination sexuelle, elle apparaît comme une polarité nécessaire à l’équilibre de l’axe humain. Aucun des deux pôles ne peut et ne doit l’emporter sur l’autre sans compromettre la norme même de l’équilibre qui fait des sexes le fondement du plan humain dans la fécondité de ses développements. Pour lever toute ambiguïté sur la question, nous dirons que le « mâle » suppose la « femelle » : autrement, pour qui et pour quoi serait-il « mâle » ? Et si la « masculinité » et la « féminité » sont les deux extrêmes d’un axe que nous appellerons « homme », comment peut-on accorder la prééminence à l’un sans bouleverser l’équilibre, le système, la réalité qui dépend des deux termes ? Il faut donc que l’homme soit viril et que la femme soit féminine afin de préserver l’équilibre humain et de maintenir la vérité dans la pureté de la complémentarité axiale.
Etre soi-même
L’ordre normal implique un équilibre stable de ces deux extrêmes qui ne le sont que sur le plan humain, puisqu’en réalité ils convergent en direction d’un point qui est l’unité originelle. En effet, si, schématiquement et symboliquement parlant, nous réduisons le principe masculin et le principe féminin à deux coins, à deux angles (ce qui correspond exactement à la brutalité physiologique de la fonction sexuelle), nous avons deux pôles tournés vers le même centre : l’un actif, l’autre passif, l’un émetteur, l’autre récepteur, l’un créateur, l’autre conservateur, l’un fécondateur, l’autre producteur, l’un « donneur de germes », l’autre « porteur de germes ». Que les lecteurs approfondissent cette complémentarité et ils verront très précisément qu’on ne peut rien enlever ou ajouter arbitrairement à l’un de ces pôles nécessaires sans troubler définitivement l’équilibre de l’axe humain. Nous dirons donc que la femme n’est vraiment femme que lorsque l’homme est vraiment homme ; que si l’élément féminin est aujourd’hui dégénéré, cela est dû exclusivement à la décadence de l’élément masculin. L’homme ayant cessé d’être tel, la femme elle aussi a cessé d’être femme. Il faudrait que les modernes commencent par prendre conscience de cette vérité élémentaire pour pouvoir en finir avec une opposition, une querelle, une lutte pour la suprématie qui n’a aucune valeur et dont la seule cause est la faiblesse, la dévirilisation croissante de l’homme, qui a produit la déformation actuelle de la femme. Retourner à la normalité signifie tout d’abord comprendre la complémentarité sexuelle, dissiper le mythe d’une « opposition », d’une « lutte » ou d’un « problème » entre les sexes, et faire en sorte que, concrètement, la vie permette à l’homme d’être homme et à la femme d’être femme : en excluant toutes les formes de sentimentalisme, toutes les formes de cynisme, les violences, les impulsions aveugles qui sont le signe d’une mentalité déplorablement infantile.
(Guido de Giorgio)

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