L’ouverture éclatante

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Prenant appui sur la sourate coranique XLVIII, 1-10 :

« au Nom de Dieu, le Tout Miséricorde, le Très Miséricordieux,

« C’est bien Nous qui pour toi ouvrons l’ouverture éclatante….  »
(calligraphiée sur l’image ci-dessus)


Rûmi dans son « Livre du dedans » (*) commente la façon dont Dieu énumèrent à Muhammad (saws) Ses Bienfaits et Ses Promesses qui sont les bienfaits et les promesses pour ceux qui le suivent :

« Par « c’est bien Nous qui pour toi ouvrons l’ouverture éclatante » :
Tout d’abord, la porte à laquelle tu frappes, Je l’ouvre, afin que ta prière soit exaucée par Moi. Ensuite,

« afin que Dieu te pardonne tes péchés passés… » : le pardon est l’absolution qui est le signe de l’amitié. Le péché de celui que tu aimes ne te paraît pas un péché, et son défaut ne te paraît pas un défaut. C’est cela le secret de l’absolution.

« Et qu’Il parachève Son bienfait » La perfection du bienfait témoigne de son intimité car cela prouve que certains n’ont pas obtenu des bienfaits parfaits. Donc, Mohammad détient un signe plus privilégié et il est celui qui a le mieux trouvé la Voie, qui est le mieux parvenu à la Vérité et le plus enraciné en Dieu.

« Et que Dieu te prête un puissant secours » : cela prouve la souveraineté de la walâyât (sainteté). Qu’est-ce que cette walâyât ? Cette sainteté est la force de la vision qui voit toutes les choses de Dieu, comme Abraham (la paix soit sur lui) qui a marché sur le feu, et Moïse (la paix soit sur lui) qui a marché sur la mer, et comme Salomon qui a commandé au vent, Noé qui a commandé au Déluge, et David qui a pétri le fer et fait chanter les montagnes(XXI, 79-80 – XXXIV, 10 – XXXVIII, 18) ; comme Jésus qui a commandé aux âmes des créatures etc, comme Mohammad (le salut soit sur lui et sa famille) qui a déchiré les voiles des cieux et les a traversés : il en existe d’innombrables exemples.
Ils considéraient tous les êtres comme venant de Dieu, et comme serviteurs de Dieu, Dieu comme Celui qui commande à tout l’univers : tout leur était soumis et eux-mêmes étaient soumis à Dieu.

« Afin que Dieu Absolve tes péchés passés et à venir… » Ibn Atta déclare à ce sujet : Mohammad (le salut soit sur lui et sa famille) lors de son ascension nocturne, lorsqu’il arriva au « Sidrât-ul-Montahâ » (la limite ultime) (Coran LIII, 14) qui est au-dessus du Trône céleste et qui est le seuil de Gabriel, que ce denier l’eût fait passer au-delà, Gabriel s’arrêta et ne put avancer. Mohammad lui dit : « O frère Gabriel ! Tu m’abandonnes tout seul en cet endroit qui inspire une terreur sacrée ? » Dieu s’adressa à lui et une voix retentit, disant : « Dans ce court voyage tu t’es attaché à lui. » Le péché qui est visé dans la parole « que Dieu absolve tes péchés » est ce péché : à savoir, cet attachement ; de cela Dieu l’a purifié ; et Il l’a libéré du besoin d’autrui. […]

Ibn Atta dit aussi que le Dieu Très Haut a déclaré : « J’ai pardonné le péché passé… », c’est-à-dire la faute d’Adam (le salut soit sur lui) ; et les péchés à venir sont les péchés de la communauté qui a mis son espoir en Mohammad, son guide. Le sens en est que l’intercession en faveur des premiers et des derniers n’est acceptée que de la part du Prophète. […]

« et afin qu’Il parachève sur toi Son bienfait ». La plénitude du bienfait est du domaine de l’amour. Le premier bienfait consiste en ce que Dieu octroie à quelqu’un la grâce de rechercher l’amour. Tu étais amoureux, tu es devenu aimé, tu étais celui qui suit, tu es devenu celui qui est suivi ; tu étais dans le besoin, tu es parvenu au mi’râdj (l’ascension du Prophète Muhammad) (Coran LIII, 1-18) ; tu es libéré des ténèbres et de la lumière, et tu règnes sur tous deux ; tu étais prédicateur, tu es devenu celui qu’on mentionne en chaire, dans le mihrâb et sur les monnaies.

Dieu le Très Haut dit : « Et qu’Il le guide dans le droit chemin », ce chemin mène vers Dieu.

Et « afin que Dieu te prête un puissant secours » : tu remportes la victoire sur les démons, les djinns, et les tentations, ainsi que sur les hommes démoniaques, mécréants et hypocrites. Tu remportes une si grande victoire que tu ne crains pas le déclin de cette prospérité.

« Et c’est Lui qui a fait descendre la quiétude (sérénité de la Paix- sakinah)… » La quiétude est un état qui produit la victoire. La quiétude signifie que celui qui est dépourvu des biens de ce monde croit tout posséder, en raison de l’extrême confiance qu’il a en la générosité de Dieu. Certains disent que la quiétude est ainsi : celui qui distingue l’apparence de la réalité discerne aussi le sens caché des choses.

« Afin que leur croyance croisse… » : la lumière de la croyance croît de jour en jour dans leur cœur, pareille au croissant de la lune.

« Et à Dieu sont les armées des cieux et de la terre » : les armées des cieux sont les anges, et celles de la terre sont les combattants et ceux qui luttent contre leur âme charnelle. Certains disent : les armées du ciel sont les cœurs et celles de la terre sont les corps. D’autres disent : les démons, eux aussi, sont les armées de la terre. Dieu accorde la victoire aux unes et aux autres.

« Nous t’avons envoyé en témoin… » : il est témoin de l’Unicité de Dieu par sa parole, son action et son état spirituel.

« Et en annonciateur… » : pour annoncer la Miséricorde divine.

« Et en avertisseur » : pour mettre en garde contre les innovations non conformes à la religion et l’égarement. C’est par l’ordre de Dieu qu’il est annonciateur et avertisseur, et non pour son propre plaisir.

« Afin que vous croyiez en Dieu et en Son messager et que vous l’honoriez » : celui que J’ai chéri et respecté, vous devez le respecter en votre cœur et par vos services, et par vos paroles vous devez attester que vous êtes ses serviteurs.

« Ceux qui te prêtent serment… » : ceux qui te tendent la main et concluent avec toi un pacte ont tendu la main et ont conclu un pacte avec Dieu. Cela signifie que ta condition humaine, à toi Muhammad, est empruntée. Il faut voir au-delà du moyen qui sert de médiatisation.

« La main de Dieu est au-dessus de leurs mains » : par ce serment, Dieu leur accorde une grâce, et non l’inverse. Certains disent : leur serment et leur puissance est au-dessous de la puissance de Dieu. Si Dieu ne les obligeait pas à agir, ils n’agiraient pas….. « 

(*) Rûmi, Le Livre du dedans p. 345-349 chez Albin Michel, traduction Eva de Vitray-Meyerovitch

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