La contraction du temps
Selon la conception traditionnelle des cycles, le temps n’est pas linéaire mais qualifié. Ce temps qualifié peut être illustré par un hadith qui évoque la contraction du temps (taqârub al-zamân) qui est un signe de la fin des temps et qui a été interprété comme une des diverses conséquences du manque de bénédiction (qillat al-baraka) lié à ce temps final :
D’après Anas b. Malik : « L’heure n’aura pas lieu avant que le temps ne se soit contracté, au point que l’année passera comme un mois, le mois comme une semaine, la semaine comme un jour, le jour comme une heure ; et l’heure s’écoulera aussi vite que se consume un tison enflammé ! » [1]
« Le temps se déroule avec une vitesse toujours croissante, car, loin d’être homogène comme le supposent ceux qui ne l’envisagent que du point de vue quantitatif, il est au contraire « qualifié » d’une façon différente à chaque instant par les conditions cycliques de la manifestation à laquelle il appartient. Cette accélération devient plus apparente que jamais à notre époque, parce qu’elle s’exagère dans les dernières périodes du cycle, mais, en fait, elle existe constamment du commencement à la fin de celui-ci ; on pourrait donc dire que le temps ne contracte pas seulement l’espace mais qu’il se contracte aussi lui-même progressivement [...] On dit parfois, sans doute sans en comprendre la véritable raison, qu’aujourd’hui, les hommes vivent plus vite qu’autre fois, cela est littéralement vrai ; la hâte caractéristique que les modernes apportent en toutes choses n’est d’ailleurs, au fond, que la conséquence de l’impression qu’ils en éprouvent confusément [..] C’est ainsi que « le temps dévorateur finit par se dévorer lui-même » de sorte que, à la « fin du monde », c’est-à-dire à la limite même de la manifestation cyclique, « il n’y a plus de temps...» [2]
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[1] Cité par Tirmidhi, hadith authentifié.
[2] René Guénon – Règne de la quantité, pp. 157-158

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