symbolisme de la caverne
« À Lui appartient le mystère des cieux et de la terre.
Comme Il voit ! Comme Il entend !
On ne peut avoir, hors Lui, de répondant.
Il n’associe personne à Son commandement »
[Qur’ân 18, 26)].
« Il n’en est que peu qui le savent » ( Coran, XVIII, 23)
« Tant que la connaissance n’est que par le mental, elle n’est qu’une simple connaissance par reflet, comme celle des ombres que voient les prisonniers de la caverne symbolique de Platon, donc une connaissance indirecte et tout extérieure ; passer de l’ombre à la réalité, saisie directement en elle-même, c’est proprement passer de l’« extérieur » à l’« intérieur » (1)
Dans toutes les traditions, la caverne est symboliquement le creuset d’un parcours initiatique visant la transformation spirituelle, d’abord par détachement du monde profane –ténèbres extérieurs- qui est une première mort et une naissance à la lumière dans l’intériorité (dont la caverne est la matérialisation), puis par une seconde mort au cosmos par la sortie de la caverne et qui est résurrection en Dieu.
Et ceci est à rapprocher du Récit énigmatique des Ahl al Kahf [gens de la caverne] rapportée dans la sourate « la Caverne », (Qur’ân18, 9-26), qui pour les exégètes traditionnels est le lieu de la Résurrection.
Deux commentaires sur le récit :
« Il les a repris d’eux-mêmes et Il S’est mis entre eux et tout autre (al-aghyâr). Il leur a donné refuge dans la caverne de la familiarité [en Sa compagnie] (uns), les hébergeant en sécurité, puis Il les a anéantis à eux-mêmes et les a absentés d’eux-mêmes, de leur volonté et de leurs significations (ma’ânîhum). Alors ils se sont éperdus dans la présence [divine], passionnés. C’est pour cela qu’Il a dit : « Penses-tu que les gens de la Caverne et d’al-Raqîm ont constitué une chose extraordinaire d’entre nos prodiges ? » [Coran 18 :9] (2)
« Lors ces jeunes hommes se réfugièrent dans la caverne et dirent : « Notre Seigneur, accorde-nous une miséricorde de Ton sein, ménage-nous de notre chef rectitude » [Coran 18, 10]. Exotériquement, Il les a fait entrer dans la caverne, tandis qu’ésotériquement, Il les a mis sous l’égide de Son attention (‘inâya) et de Son agrément (iqbâl), puis Il les a ravis à eux-mêmes, S’est levé en eux à leur place, et a fait couler en eux les états alors qu’ils étaient absents à eux-mêmes (ou : à la vision d’eux-mêmes (shawâhiduhum) » (3)
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(1) Les limites du mental – René Guénon.
(2) Sulami, Haqâ’iq. I :402.
(3) Qushayri, Latâ’if, II, 379.
