Le symbolisme de l’épée
Symbole du Verbe
L’épée, glaive de vérité, est le symbole du Verbe au double pouvoir tranchant destructeur et créateur, arme de lumière qui frappe en plein cœur et vainc les ténèbres.
De même que dans notre monde le soleil éclaire et brûle, la lumière du Principe spirituel est feu purificateur matérialisé par l’éclair, archétype de l’épée. L’éclair est foudroyant… ainsi la Vérité foudroie l’erreur en tranchant les ténèbres de l’ignorance.
On peut dire qu’elle est une arme de destruction positive puisqu’elle vise, par la conquête de la connaissance et la libération de l’ego (nafs), -laquelle ne peut véritablement être obtenue que par la soumission à la volonté divine (el-islam), la justice, l’équilibre et la paix (es-salam).
Symbole universel
Le symbolisme de l’épée est universel et se retrouve dans toutes les Traditions.
On peut déjà le déceler à l’âge de pierre sous forme du celt, la hache préhistorique dite encore trait de foudre.
Dans l’hindouisme, la plus ancienne forme traditionnelle du cycle actuel de notre âge de fer, vajra (l’épée) est appelée également trait de foudre, mais aussi éclair ou diamant. C’est par les mains de Dieu, qu’ Indra lance la foudre contre le Dragon. (Rig-Véda, VII, 87, 2).
Au Japon, dans le Shintoïsme, c’est l’arme sacrée du Samouraï ;
En Chine, le trigramme li correspond au soleil mais aussi à l’éclair et à l’épée, arme du Centre, symbole du pouvoir impérial qui représente l’Autorité spirituelle –la volonté divine- sur terre.
Dans la Genèse (3, 24), quand Dieu chasse Adam du Paradis, il établit deux chérubins munis d’une épée conduisant à l’Arbre de Vie.
Dans la tradition chrétienne, l’Apocalypse I, 16 décrit une épée à deux tranchants sortant de la bouche du Verbe : « Il avait en sa main droite sept étoiles, et de sa bouche sortait une épée à deux tranchants et bien affilée ; son visage était aussi brillant que le soleil dans sa force. »
C’est également l’arme des Templiers auxquels Saint Bernard s’est adressé par écrit en ces termes : «… N’oubliez que vous portez sur votre flanc la Lumière de notre Seigneur qui devra être prestement tirée du fourreau de l’obscurité, autant de fois qu’il vous semblera juste, non pour des raisons du monde ou la colère, mais pour détruire la nuit de la mécréance… »
En Islam, c’est « sayful-Allah » [ l’épée ( es-sayf) de Dieu] pour le Jihad :
«… tu n’as point visé quand tu as visé, c’est Dieu qui a visé… » (Coran VIII, 17).
On peut également remarquer que le Khatib musulman (*) [prédicateur qui se tient sur le minbar (**)] tient en main une épée de bois confirmant bien le symbolisme de l’épée lié au pouvoir de la Parole puisque son matériau est impropre au combat dans le sens extérieur du terme (petit jihad).
L’épée est également assimilée à la flèche, symbole axial du rayon de lumière, d’où en Islam l’importance accordée au tir à l’arc, dont la finalité est d’arriver à atteindre le cœur de la cible, point unique et central là où cessent les oppositions -tant que ce but n’est pas atteint, on demeure en état de lutte- dans l’équilibre parfait de la Grande Paix (***) : Es-sakînah, centre de la Présence divine, réalisation du Tawhid [Unicité divine].
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(*) Terme lié à des notions de sagesse et de Majesté divine.
(**) Le minbar est une sorte d’escabeau servant de chaire située à droite du mihrab -niche de prière- utilisé par le khatib (imam) pour délivrer son sermon (khutba) lors de la prière du vendredi. Il tire son origine du socle en bois d’ébène à six marches sur lequel se tenait Muhammad (saws) pour parler à ses fidèles.
(***) « L’Invariable Milieu » de la Tradition extrême-orientale chinoise.
