L’Aïd-El-Kebir

« Dis : « Dieu dit vrai. Suivez la cohorte d’Abraham, en tant que croyant originel : il n’était absolument pas un associant ». [Coran, III, 95]

L’Aïd el-Kebir, littéralement « la grande fête » est l’une des deux fêtes officielles de l’Islam. (1) Elle a lieu le 10 du mois de Dhou al Hijja, [dernier mois du calendrier –lunaire- musulman] marquant chaque année la fin du pèlerinage à la Mecque. Elle est également appelée Aïd al-Adha (la fête du sacrifice) en souvenir du Sacrifice d’Abraham. (Cliquez)

Quel lien me direz-vous entre le pèlerinage et le sacrifice d’Abraham ? Tout simplement parce que le lieu du pèlerinage et son symbolisme sont liés à l’histoire de ce Patriarche [Coran II, 124] exemple d’abandon total et confiant à l’ordre divin brisant les idoles et sacrifiant. [Coran XXXVII, 83-111]

I lest en effet dit que le premier Temple de la Mecque (la Kaaba-Bit Allah el Haram- Maison sacrée de Dieu) appelée alors Bakka, [coran III, 96], a été édifiée par Adam (2) ; détruite par le déluge, elle a été reconstruite par Abraham et son fils Ismaël [Coran II, 125] revivification lui restituant sa fonction de dépôt de Tradition primordiale, dite « Station d’Abraham » [Coran II, 125]. Par cette centralité, elle est la projection terrestre du Trône divin, Centre Absolu.
S’y rendre en pèlerinage (quête), c’est s’acheminer au centre du monde préfigurant le voyage intérieur vers la Kaaba du cœur comme le sang se purifie en passant par le cœur. Le pèlerin qui y arrive,dit : “Me voici, ô mon Dieu, me voici ! Tu n’as pas d’associé, me voici...”. Ce lieu de retour est le retour à Dieu, l’Unique (Tawhid). (3)

Ce n’est pas anodin que le Prophète (saws) ait dû détruire les idoles façonnées contenues dans la Kaaba et que quelques mois avant sa mort il y fit un dernier pèlerinage : le pèlerinage de l’Adieu, hijjat al-Wadâ.
Et C’est le jour d’Arafat (4), le neuf de dhou-l-Hijja que Dieu dit :
« Ce jour, J’ai parfait pour vous votre Religion. J’ai parachevé Mon bienfait à votre égard et J’ai agréé pour vous l’Islam comme religion… » (Coran V, 3)
La boucle était bouclée, restituant la sacralité du lieu et achevant le cycle des révélations prophétiques.

Pèlerinage et sacrifice, c’est le cheminement d’Abraham,  de tout pèlerin dans l’exil de la voie qui par la purification du cœur, s’élève de degré en degré (Coran VI, 76-83) où la destruction des idoles (Coran XXI, 69-70), et le sacrifice est nécessaire (Coran XXXVII, 83-101) et ce afin de réendosser la perfection adamique avant sa chute.

(1) L’autre étant « l’Aïd- al-Saghir » (la petite fête) marquant la fin du mois de ramadan. Voir : La Zakat-Al-Fitr
(2) Selon Abd Allâh Ibn’Amru : « Alors que Dieu fit descendre Adam hors du Jardin paradisiaque, Il lui dit : « Avec toi, Je vais faire descendre un temple (bayt) autour duquel on circulera comme on le fait autour de Mon Trône et près duquel on fera des actions de Grâce unifiante comme on le fait près de Mon Trône… »
(3) « Ni la terre ni le ciel ne peuvent Me contenir, le cœur de Mon serviteur croyant Me contient” a dit L’Envoyé (saws)-Hadith Qûtsi-.
(4) Le Mont-Arafat dite Jabal ar-Rahmah(montagne de la Miséricorde) est une colline à l’est de la Mecque, là où Adam et Eve ont été réunis et pardonnés, là où le Prophète fit son dernier sermon. Le pèlerin est tenu de s’y tenir le neuvième jour de Dhou- l-Hijja sans quoi son pèlerinage est invalidé.

Durant ces deux derniers jours des dix jours de Dhou-l-Hijja précédents l’Aïd el-Kebir, les musulmans s’encouragent à faire des efforts dans les actes d’adoration (prières, dhikr, lecture du Coran, aumônes…) pour améliorer leur caractère, les rapports avec leur proches… ainsi qu’à jeûner la veille de l’Aïd , jour où les pèlerins convergent vers le Mont Arafat.

Le Prophète (saws) a dit : « Il n’y a pas de jours plus importants auprès d’Allah – exalté soit-Il – et au cours desquels les oeuvres sont plus aimées de Lui, que durant ces 10 jours » [ Ibn ‘Umar] et
«J’espère la récompense d’Allah que ce jeûne efface tes péchés de l’année écoulée et ceux de l’année à venir. » [ Rapporté par Muslim. ]

Conseil de lecture : « Les secrets du pèlerinage en Islam » de Al-Ghazâli chez Albouraq. Traduit par Maurice Gloton.

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