Les anges et le langage des oiseaux

Les anges

Croire à l’existence des anges est un article de foi islamique :
« L’homme bon est celui qui croit en Dieu, au dernier Jour, aux anges, au Livre et aux prophètes » (Coran II, 177)

Des Cieux à la terre, tous les degrés spirituels forment une hiérarchie dont les anges, de nature pure et lumineuse occupent un rang sublime :
« Ceux qui sont auprès de Ton Seigneur (les Anges) chantent Sa Gloire de nuit et de jour sans éprouver le moindre ennui. » (Coran 41, 38) jouissant d’une contemplation ininterrompue. Représentant le pôle positif et céleste, ils gardent, protègent, assistent, annoncent la Bonne Nouvelle (exemple d’ Abraham : Coran XI, 69 ), transmettent la « barakah » [bénédiction] :
« C’est Lui qui vous bénit ainsi que Ses Anges afin de vous faire sortir des ténèbres à la lumière…» (Coran XXXIII, 43)

Parmi les anges, l’Ange Jibril (Gabriel), « Ruh al-qudus » (Esprit-Saint) est l’Ange de la Révélation, cette Force mystérieuse d’essence pure « … qu’Il projeta sur Marie et esprit de Lui » (Coran IV, 170) :
« Nous lui avons envoyé notre Esprit. il se présenta devant elle sous la forme d’un homme parfait » .  » Il dit : Je ne suis que l’envoyé de ton Seigneur pour te donner un garçon pur  » (Coran XIX, 17-19), « Nous avons accordé des preuves incontestables à Jésus, fils de Marie et nous l’avons fortifié par l’Esprit de sainteté »
« Nous avons donné à Jésus, fils de Marie, les preuves évidentes et Nous l’avons appuyé par le Saint-Esprit » (Coran II, 97 et IV, 172)

C’est par ce même esprit de sainteté identifié à l’Esprit fidèle (Ruh al-amîn) que le Coran descendit sur le coeur de Muhammad (saws). (1)
« L’Esprit fidèle est descendu avec lui sur ton cœur » (CoranXXVI, 193).
« L’Esprit de sainteté l’a fait descendre avec la Vérité, de la part de ton Seigneur » (Coran XVI, 102).

La nature angélique « descend » pour que l’homme s’élève ; c’est dans ce point de jonction qu’il peut développer les facultés latentes de son être réel :
« Il fait descendre son esprit par l’intermédiaire de ses anges sur qui Il veut. Il met dans leurs bouches cette proclamation : Il n’y a de Dieu que Moi, craignez-Moi. » (Coran XVI, 2)

« Les Anges et l’Esprit descendent durant cette Nuit, avec la permission de leur Seigneur, pour régler toute chose » (Coran XCVII, 4)

« Lorsque Dieu (qu’il soit Glorifié), aime une personne, Il appelle l’Ange Jibril (Gabriel) et lui dit : «Dieu aime untel, aime-le ». L’Ange Jibril le porte en amour et il interpelle les autres Anges : « Dieu aime untel, aimez-le » ; alors tous ceux qui sont dans les cieux l’aiment et il sera béni sur terre. » [ Hadith rapporté par El Boukhari et Ahmed ]

L’humain a un archétype céleste, associé -comme on l’a vu à propos de l’annonce faite à Marie (as)-, à l’homme parfait.  Cet homme vivifié par  l’Esprit renaît, il est vivant, purifié, et rejoint à jamais la dimension céleste.
Quant aux croyants plus ordinaires qui ne déméritent pas, ils bénéficient de l’intercession des anges :
« …Notre Seigneur ! Tu embrasses toute chose en ta Miséricorde et en ta Science : pardonne à ceux qui reviennent repentants vers toi ; à ceux qui suivent ton chemin ! Épargne-leur le châtiment de la Fournaise »(Coran XL, 7).
Quant à ceux dont le pôle négatif domine :
 » Si tu voyais les Anges emporter les incrédules ! Ils frapperont leurs visages et leurs dos : « Goûtez le châtiment du Feu pour prix de ce que vous avez fait.  » Dieu n’est pas injuste envers ses serviteurs  » (Coran VIII, 50, 51).

Et Dieu sait mieux.

 

Le langage des oiseaux

« Il est souvent question, dans diverses traditions, d’un langage mystérieux appelé « langue des oiseaux » : désignation évidemment symbolique, car l’importance même qui est attribuée à la connaissance de ce langage, comme prérogative d’une haute initiation, ne permet pas de la prendre littéralement. C’est ainsi qu’on lit dans le Coran : « Et Salomon fut l’héritier de David ; et il dit : O hommes ! nous avons été instruit du langage des oiseaux (ullimna mantiqat-tayri) et comblé de toutes choses…. » (Coran XXVII, 15)
Les oiseaux sont pris comme symboles des anges, c’est-à-dire des états supérieurs. » (2)

Dans le Coran, on trouve le terme eç-çâffat qui désigne littéralement les oiseaux mais qui s’applique symboliquement aux anges ( el-malaïkah) ; la sourate (Coran XXXVII, 1-3) est la suivante :

Par ceux qui sont rangés en ordre,
Wa eç-çâffâti çaffan,
Et qui chassent en repoussant
Faz-zâjirâti zajran,
Et qui récitent l’invocation..
Fat-tâliyâti dhikran…

- Le premier verset désigne la constitution des hiérarchies spirituelles.

– Le second exprime la lutte des anges contre les démons. La victoire sur les démons, c’est la victoire de l’Esprit sur les forces maléfiques, la conquête de l’immortalité, là où précisément s’établit la communication avec les états supérieurs de l’être, au cœur, centre de l’état humain. Les anges sont l’armée invisible qui assistent les mudjâhidîn dans leur lutte comme l’illustre de manière exemplaire la bataille de Badr : « ..Lorsque tu disais aux croyants : ne vous suffit-il pas que votre Seigneur vous aide avec trois mille de ses anges descendus vers vous ?  » (Coran III, 123, 124).

- Le troisième désigne les anges récitant le dhikr ce qui est précisément la langue angélique dit « langage des oiseaux ». Ainsi est-il dit qu’Adam, au Paradis terrestre, parlait en vers.

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(1) Lorsque le Coran, qui est un attribut divin -et l’attribut est inséparable de ce qu’il qualifie- descend sur le cœur, c’est donc Celui-là même dont le coran est la Parole qui descend avec lui. Dieu a dit que le cœur de son serviteur croyant Le contient (hadith qudsî)) : c’est en cette descente du Coran dans le cœur du croyant que consiste la descente divine dans le cœur. (Ibn Arabi, Fut.,III, p. 128-129)
(2) Voir p. 57 « symboles de la Science Sacrée », René Guenon, Gallimard.

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