Définition, modalités et implications du terme « Islam »
Unité et diversité.
Le Prophète Muhammad (saws) a dit :
« Nous autres, prophètes, sommes tous les fils d’une même famille ; notre religion est unique »
(rapporté par Bukhârî).
Dieu est la Révélation Unique, pour tous. Les diverses formes traditionnelles -religion et spiritualité- sont à considérer globalement, chacune faisant partie intégrante d’une totalité. Elles sont les vêtements que revêt la Réalité pour se faire connaître aux hommes selon la science qu’Elle sait leur convenir le mieux, selon les temps, les lieux, les peuples, les âmes. Elles constituent un édifice unique composé de différentes pierres pour nous conduire vers Sa Lumière. Dieu entend et prend soin de tous ceux qui Le cherchent sincèrement, ceux qui se rejoignent dans la même aspiration, les nostalgiques de la même finalité. Ceci parce que la foi véritable, la seule qui naisse dans le plus profond de la vie intérieure est un don d’essence unique: elle est une, universelle, comme la Lumière. Comme l’a dit Rumi, quand la lumière du soleil rentre par l’ouverture d’une maison, c’est la même qui illumine l’Orient et l’Occident.
La Tradition islamique assure que 124 000 Prophètes dont 315 Envoyés (1) furent dépêchés aux nations car tout peuple a droit à la Vérité divine. (Coran XXXV, 24) C’est signifier que toutes les religions ont ainsi leur source en Dieu, qu’elles sont toutes régies par le même Principe intemporel.
C’est sous forme de Témoignage (Mithâq) que la postérité d’Adam dut attester la Vérité de la Seigneurie divine, avant même l’avènement terrestre de chaque être. Dieu dit :
« Et lorsque ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et qu’il les fit témoigner sous leur responsabilité : « Ne suis-je point votre Seigneur ? » Ils répondirent : « Si ! Nous témoignons » ; et cela afin que vous ne disiez pas au Jour de la Résurrection : « Certes, nous n’y avions pas prêter attention. » (Coran VII, 172)
La conscience de cette Réalité seigneuriale originelle et ultime constitue le culte axial et immuable, la Tradition primordiale ; la foi pure qui est fidélité au Mithâq, empreinte (fitra) laissée dans le cœur de l’homme, sous-tend la soumission.
Que signifie le terme « Islam »
Le mot « Islam » qui porte le sens de « paix » -le mot « salam » (paix) dérivant de la même racine- signifie s’en remettre à Dieu. Etre musulman ou « soumis », c’est s’abandonner dans une adoration sincère à la volonté divine conformément à la nature originelle. C’est pour toute existence suivre sa raison d’être.
1 – L’Islam naturel. Qu’on le veuille ou non, rien n’échappant à la Puissance divine et à sa Volonté, tout le cosmos, le moindre atome, du minéral à l’homme, des cieux visibles aux cieux invisibles, tout est musulman : c’est la conformité nécessaire de toutes choses à leur Cause ontologique.
« Tous les êtres peuplant les cieux et la terre se prosternent bon gré mal gré devant Dieu, jusqu’à leurs ombres qui s’inclinent devant Lui matin et soir! » (Coran XIII, 15), « Ceux qui peuplent les cieux et la terre Lui appartiennent. Tous Lui sont entièrement soumis » (Coran XXX, 26)
2 – L’Islam intentionnel ou participation consciente à cette soumission, ce « oui » à Dieu, à sa Vérité et à son unité que toute chose manifeste. Cette participation se traduit par une conformité rituelle et morale à une Doctrine sacrée. C’est pourquoi, il est écrit : « Certes, la religion chez Dieu, est l’Islam (la soumission) » (Coran III, 19) et « Arrivez à vos demeures par vos portes » (Coran II, 89). De même Jésus avait dit : « Nul n’arrive au Père que par moi ». Refuser les voies divines, c’est s’exposer à la noyade. Que penser d’un homme à qui l’on offre une bonne embarcation pour traverser la rive s’il part à la nage ou dans une coque endommagée ?
3 – L’Islam, sous sa forme Muhammadienne, en porte excellemment le nom du fait qu’elle en est la définition la plus récente et finale. Une en son essence, réadaptation aux conditions cycliques en sa forme, elle s’exprime dans un langage et des rites convenant éminemment et providentiellement aux conditions de l’Humanité actuelle.
Tout ce qui se trouve dans les autres se retrouve -selon sa perspective propre- en elle :
« Ce que nous t’avons révélé du Livre est la vérité même, confirmant les Ecritures antérieures… » (Coran XXXV, 31)
Le terme « Islam » n’est issu ni d’une contrée (comme l’Hindouisme par exemple), ni d’un personnage (comme le Bouddhisme ou le Christianisme) et se défend par là même d’être une nouveauté et s’affirme « Dinul-Fitra » = le culte dû, originel, selon la prime nature.
» Dresse ta face pour le Culte dû, en hanîf (théotrope = celui qui se tourne spontanément vers Dieu), en fonction de la forme originelle (fitra) de Dieu selon laquelle Il a différencié les humains. Point de changement à l’Acte créateur de Dieu. Tel est le Culte immuable. » (Coran XXX, 30 et XXXIX, 2)
Exprimant le caractère universel et primordial de toute Révélation renouvelée à chaque phase importante du cycle humain par une série ininterrompue de Messagers divins, elle s’avère adéquate à toute possibilité humaine et même inhérente à la condition naturelle de tout être venant au monde. D’après une parole de Muhammad (saws), « Tout nouveau né est né selon la Fitra » (nature originelle et vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde) ; elle est donc capable de réassumer -par sa force d’intégration- toutes les « sensibilités » spirituelles et religieuses et de les revivifier, ses possibilités étant illimitées et toujours vivantes.
synthèse et universalisme
L’Islam englobe toutes les révélations en les rapportant à leur source et Origine : L’Un qui a inspiré, illuminé, mandaté tous les guides spirituels de l’Humanité depuis Adam -archétype humain selon la « forme » divine- jusqu’à Muhammad (saws), sceau des Messagers. (Coran XXXIII, 40)
« Enfin, nous avons fait descendre sur toi l’Ecrit dans le Vrai, pour avérer ce qui était en cours des Ecritures, en l’englobant.. » (Coran V, 48)
Si toutes les religions sont universelles en ce qu’elles conduisent toutes à la Vérité Une, l’Islam, de par sa fonction finale, est, selon l’expression coranique, un « avertissement » et un « Rappel ». Elle est un parachèvement, une synthèse (2) qui doit refermer la boucle si l’on peut dire. Elle a donc un universalisme secondaire et exceptionnel.
« C’est Lui qui a envoyé Son Apôtre avec la Direction et la Religion de Vérité pour la faire prévaloir sur la religion en entier… » (LXI, 9 et XXV, 1)
« …Nous t’avons seulement envoyé totalement aux hommes… » (XXXIV, 28)
« C’est uniquement une Edification pour le Monde ! » (LXVIII, 52)
« Voici une Ecriture bénie que Nous avons fait descendre vers toi afin que les Hommes en méditent les aya (les signes traduit par « versets ») et que s’amendent ceux doués de « cœur. » (Coran)
Ceux doués de cœur sont ceux qui ont du fond, de la moelle, le meilleur, la quintessence d’une chose.
De ce fait, un musulman ne doit faire aucune distinction entre les Messagers :
« Dites : Nous croyons en Dieu
A ce qui nous a été révélé
à ce qui a été révélé
a Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob et aux tribus
à ce qui a été donné à Moïse et à Jésus
à ce qui a été donné aux Prophètes
de la part de leur Seigneur.
Nous n’avons de préférence pour aucun d’entre eux«
(Coran II, 136)
Si par Abraham, l’Islam s’inscrit dans la lignée sémitique, elle la dépasse d’un certain point de vue pour rejoindre la tradition primordiale ; elle s’accorde par là même avec les traditions les plus anciennes. C’est ainsi qu’elle rencontrera, la plus ancienne : l’hindouisme en Inde. Et ce qu’un maître Hindou disait de la différence entre l’Hindouisme et une voie spécifique pourrait s’appliquer à l’Islam :
« La différence est celle qui existe entre une note de musique et la musique. Le Brâhmo Samaj se contente d’une seule note de Brahman, tandis que l’Hindouisme (3) est composé de plusieurs notes«
Toutes les notes contribuent à la même harmonie. l’Etre est Un mais Ses Noms et Attributs sont multiples. Tous Ses Noms ne font essentiellement qu’Un.
« …Ainsi font les croyants : tous croient en Dieu et Ses anges, Ses écritures, Ses Envoyés, sans faire aucune différence entre Ses Envoyés... » (Coran II, 285)
« Sous quelque nom que vous l’Invoquiez, c’est Lui qui a les Noms les plus beaux » (Coran XVII, 10)
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(1) Le Prophète englobe deux modalités : le prophète (nabî) qui transmet un message plus ou moins limité quant à son étendue et à son but propre. C’est le cas, par exemple, de St Jean qui a annoncé Jésus (saws) ; l’Envoyé (Rasûl) qui est porteur d’un message Universel. C’est le cas de tous les grands révélateurs de l’Humanité.
(2)Une synthèse comprend tous les degrés de l’existence, tous les développements possibles depuis l’homme comme tel jusqu’à Dieu comme Tel. Ne pas confondre avec le syncrétisme qui est un mélange. Selon Muhammad (saws), tout ce que contiennent les livres révélés se retrouvent dans le Coran. Le Coran énonce également « ceci se trouvait déjà dans les livres des Anciens« , c’est-à-dire que les Ecritures antérieures se retrouvent dans le Coran. Seule la forme change.
(3) L’hindouisme, en tant que tradition directement issue de la tradition primordiale est un « départ » et tend ainsi à la différentiation des voies ; l’Islam, en tant qu’ultime possibilité est un « retour » et tend ainsi vers leur synthèse. Un culte leur est d’ailleurs commun en l’honneur d’un saint personnage : Khidr (en langue arabe) et Khizr (en sanscrit) dont la nature personnifie le gardien de l’Eau de vie, le mystérieux serviteur, initiateur au-delà des formes que Moïse accompagne (dans la Sourate « La caverne », Coran XVIII, 60). Et n’est-il pas curieux que ces deux noms « bramahne et Abraham » aient la même racine étymologique ?
Sur cette question, lire :
http://esprit-universel.over-blog.com/article-michel-valsan-le-triangle-de-l-androgyne-et-le-monosyllabe-om-85317373.html
Calligraphie :Bismi Allāhi Ar-Raĥmāni Ar-Raĥīmi

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