Origine de la révélation chrétienne
Jésus (as) a dit : « N’allez pas croire que je sois venu abroger la Loi ou les prophètes, je ne suis pas venu abroger, mais accomplir » (Matthieu : V, 17).
En régénérant un enseignement spirituel, Il a annoncé le Royaume. Il a fustigé les hypocrites, les légalistes rigides et tous ceux qui détournaient la loi à leur avantage, mais absolument pas la Loi en elle-même, laquelle venant de Dieu avait sa raison d’être. Il était vraiment bien placé pour le savoir ! Les premiers chrétiens l’observaient car ils en connaissaient le sens. Jésus n’a-t-il pas dit : « en vérité, je vous le déclare, avant que passent le ciel et la terre, pas un iota de la loi ne passera, que tout ne soit arrivé. Dès lors celui qui transgressera un seul de ces plus petits commandements et enseignera aux hommes à faire de même sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux ; au contraire, celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le Royaume des cieux. Car je vous le dis : si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens, non, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Matthieu V, 18 à 20).
A l’origine, la révélation chrétienne était une voie initiatique nouvelle au sein même du judaïsme. Le groupe des apôtres étaient des juifs restés fidèles aux observances et au culte du Temple, si bien qu’un « gentil » qui voulait suivre l’enseignement du Christ « devait tout d’abord s’intégrer au judaïsme et le rite d’introduction qui lui était imposé n’était pas le baptême mais la circoncision » (1) En Orient, on suivra les traces de ce judaïsme chrétien jusqu’au IIIe et IVe siècle. Cependant, il faut souligner un point essentiel : le fils de Marie en tant que « rasûl îlâ bani Israil » (Envoyé aux enfants d’Israël) avait le pouvoir de modifier le Droit Sacré dont l’exercice devait aboutir à une certaine transformation du Judaïsme destinée à servir une fonction divine moins particulière. Il s’ensuit que le peuple juif fut dispersé et que le judaïsme chrétien se démarquera progressivement, simultanément et providentiellement de ses racines juives (2) pour aboutir à la constitution du christianisme en tant que forme traditionnelle distincte. Cette extension aboutira finalement à l’instauration du christianisme « gréco-romain » qui marquera le début de l’ère proprement théologique. En 325, convoqué par Constantin, eut lieu le premier concile œcuménique, le concile de Nicée. C’est ici que le message évangélique fut traduit pour la première fois en formulations dogmatiques qui fera du christianisme une religion au sens propre du mot c’est-à-dire une forme exotérique s’adressant à tous indistinctement. Cette réforme constantinienne est d’ailleurs caractérisée par l’abolition des apocryphes. Contenant des éléments à caractère initiatique, ces évangiles disparaîtront de la perspective strictement religieuse (3).
C’est par ce statut « dérogatoire » par rapport à la Loi de Moïse qu’on imagine avoir « dépassé » la loi et que celle-ci finit même par s’opposer aux idées de foi et de grâce. Il faut rappeler que la Loi, toute dérogatoire semble-t-elle n’en existe pas moins sous une autre forme. Le chrétien a du garder certains commandements de Moïse, obéir aux commandements de l’Eglise auxquels s’est greffé des éléments de droit romain.
La Loi, expression de la volonté de Dieu dans le monde, est faite :
- pour préserver un certain ordre dans ce monde : c’est l’assistance divine pour les croyants
- pour établir les preuves de la servitude ontologique.
De même que tout le cosmos est soumis à des lois, toute civilisation normale se rattache à une Tradition spirituelle dont découlent ses lois. Il n’y a que les civilisations décadentes -monde sans foi ni loi- qui, par un point de vue profane, édictent arbitrairement des lois. Pseudo lois, lois négatives, mais lois quand même. Un monde sans loi n’existe pas. De même que l’erreur, négatif de la Vérité, témoigne de La Vérité, les lois négatives témoignent de la Loi.
« Que les gens de l’Évangile jugent selon ce que Dieu y a fait descendre. Qui ne juge pas selon ce que Dieu y a fait descendre… voilà les scélérats.» (Coran V, 47).
« Si seulement ils mettaient en œuvre la Torah et l’Evangile et la descente sur eux opérée de la part de leur seigneur, les nourritures afflueraient à eux de dessus leur tête et de dessous leurs pieds. Certes, il est parmi eux une communauté de juste milieu. Mais de beaucoup d’entre eux les actions sont mauvaises »
«Dis : »Gens du Livre, vous ne vous appuyez sur rien tant que vous n’appliquez pas la Torah et l’Evangile et la révélation sur vous descendue de votre Seigneur » Il est vrai que celle descendue sur toi de la part de ton Seigneur ne fait que grandir beaucoup d’entre eux en impudence et dénégation ! » (Coran V, 66, 68).
(1) Voir aux Editions de l’œuvre, chap XI « Les origines de la religion chrétienne » par Charles André Gilis.
(2) Voir Daniélou.
(3) Les Actes de Pierre, par exemple était un écrit très répandu, en grec et en latin, dans les milieux ecclésiastiques et monastiques de l’Orient et de l’Occident chrétiens (L’Eglise des grands patriarcaux fondée par Saint Pierre a constitué dans les premiers temps une organisation fermée) avant de suivre le sort de tous les livres non admis dans le canon.
Calligraphie : « Au nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux »

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