Rappel coranique

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Les formulations religieuses sont un peu comme les spécialisations, avec le temps, on perd de vue le fil conducteur et la vision globale ; il est donc nécessaire de les restituer dans leur unité. C’est dans ce but que le rappel coranique attire l’attention sur certains points dogmatiques : c’est une incitation pour retrouver le sens, afin que ceux « doués d’esprit » puissent en tirer un bienfait spirituel, et les confirmer dans leur foi (« confirmer ainsi ceux qui croient »). Mais c’est aussi une réflexion pour tous ceux doués de « cœur », « ..puisque tu ne te fais entendre que de celui qui croit en nos signes » (Coran, XXX,53)

Considérons les points d’opposition entre chrétiens et musulmans :

■ Trinité et filiation

Il faut préciser que le verset V,77 concernerait une trinité composée de Dieu, Jésus et Marie propre à une secte chrétienne trithéiste ayant reprit, semble-t-il, certaines idées de Jean Philopon. C’est donc plutôt le verset IV, 171 qui a retenu notre attention :

« O détenteurs de l’Ecriture ! Ne soyez pas extravagants en votre religion ! Ne dites sur Dieu que la Vérité ! Le Messie, Jésus, fils de Marie, est seulement l’Envoyé de Dieu, Son Verbe jeté par Lui à Marie et un Esprit émanant de Lui. Croyez en Dieu et aux envoyés et ne dites point : « trois » ! Cessez ! Cela sera un bien pour vous. Dieu est Un. A Lui ne plaise d’avoir un enfant ! A Lui ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. Combien Dieu suffit comme protecteur !
Le Messie, non plus que les Anges rapprochés du Seigneur n’ont trouvé indigne d’être des serviteurs de Dieu
»

« Attribuer au Tout miséricorde une progéniture ! Quand il est inconcevable que le Tout miséricorde s’en donnât puisque qui conque est aux cieux et sur la terre s’avoue adorateur du Tout Miséricorde » (XIX, 91-93)


Trinité

Par un symbole trinitaire, on peut exprimer un rapport à Dieu, mais Dieu n’est pas une trinité. Dans Dieu comme Tel, il n’y a pas de ternaire. L’incompréhension du symbole est clair : celui d’attribuer l’Absolu à la Trinité et uniquement à elle alors que l’Absolu comme tel est au-delà de toute distinction, de toute forme et de tout point de vue.

Etant donné sa fulgurante énonciation de l’Unité -tout procède de l’Un métaphysique-, l’Islam affirme nécessairement que l’Essence divine est au-delà de toute distinction. Cette position théologique respecte l’incapacité de la majorité des hommes de concevoir une telle distinction sans projeter une dangereuse dualité dans l’ordre divin et coïncide avec la théologie de l’Eglise d’Orient en tant que celle-ci affirme également que l’Essence est au-delà de l’être et par la même au-delà de toute distinction. Quand le concile de Latran (1215) condamna la conception de la Trinité de Joachim de Flore, il réaffirma -dans le langage emprunté aux grecs- l’absolue unité de la substance, suprême réalité incompréhensible et ineffable qui seule est principe de toute chose et cette Réalité n’engendre pas et n’est pas engendrée.

« Dis : « Lui, Dieu est Un !
Dieu l’impénétrable !
Il n’engendre pas ;

il n’est pas engendré
Nul n’est égal à Lui.. ! (Coran CXII, 1-4)

L’Essence divine ne s’épuise par aucune formulation, celle-ci fut-elle considérée comme un Mystère. « Dieu vous met en garde contre Lui même ». (Coran III,28) On n’épuise pas La vérité. Dieu est trop vaste et trop immense pour se laisser enfermer dans un credo à l’exclusion des autres.

 

Filiation

Notre Père

En raison de sa proximité de Dieu, de sa supériorité par rapport aux autres créatures, par le fait qu’il accomplissait des miracles exceptionnels et qu’il n’a pas eu de géniteur humain, des chrétiens en sont comme aveuglés et pensent que ce serait manquer de respect à Jésus que de l’appeler serviteur de Dieu comme les autres hommes et envisagent la filiation, non pas comme un Nom divin, mais de façon bien réelle. Ils prennent l’expression : « Fils unique » (1) au pied de la lettre ; or le Christ a bien dit : « je suis venu pour servir » et « dites Notre Père.. »(2) dans le sens que nous sommes tous symboliquement, selon l’esprit, les enfants de Dieu. « Ab » qui veut dire « père » en langue hébraïque (et en langue arabe) est un Nom Divin, père non seulement de tout homme mais de toute créature et de tout objet.

(1) Il est normal que chaque forme traditionnelle identifie son fondateur avec le divin Logos, puisque c’est toujours le Verbe Un et Universel qui s’exprime. Chaque Envoyé, de par sa perfection intérieure est identifié à l’Esprit de Dieu, au Verbe Eternel et fait « Un » avec Lui et est ainsi le prototype unique. En Islam, l’universel aimé « Habib » de Dieu , c’est Muhammad.
(2) Ce terme « Père » reprend le sens biblique qui parle des « enfants de Dieu », « des enfants d’Israël » et des « enfants des hommes »
  (selon l’esprit),. On retrouve l’équivalent dans l’Hindouisme où l’Esprit qui vivifie (St Jean VI,63) est « procréateur d’enfants » (Chândogya Upanishad, IV, 3-7), « Essence spirituelle de toutes choses, mobiles ou immobiles (Rig-Vëda, I, 115,1) symbolisé par le Soleil, père des créatures. Le « Père », c’est la cause première de tout être.  L’Islam dans son optique de synthèse exclut ce qualificatif (Dieu, Origine et Finalité de tout n’engendre pas est n’est pas engendré. Il est sans où, quand et comment.) Cependant, il faut considérer que les formes traditionnelles antérieures insistent sur un aspect particulier de la vérité ; Jésus (qu’Allah le salue),  appelait Dieu « Ab », soit « Père » en hébreu, Cause première de tout être . Il reprenait le sens biblique  tout en s’exprimant dans le langage de l’amour spirituel (comme lorsque le Prophète Muhammad (saws) dit que « Dieu est plus tendre qu’une mère envers Ses serviteurs »). Le Maître al-Jili a expliqué que dans la langue hébraique , les lettres « Ab », qui correspondent aux deux premières lettres de l’alphabet arabe, sont analogues au « Bismallah » [par le Nom de Dieu], aussi quand Jésus (qu’Allah le salue) dit : « dites : Notre Père », c’est dire «  Notre Seigneur » ou encore « Je retourne auprès de mon Père et du Votre », c’est-à-dire « Auprès de mon Seigneur et du Vôtre ».

Le faux n’est pas dans l’expression mais dans l’ignorance de ce dont il s’agit donnant cours à des déviations littéralistes.

«Invoquez Allah ou bien invoquez Ar-Rahmân . Quel que soit les noms sous lequel vous l’Invoquez, les plus Beaux Noms Lui appartiennent » (Coran XVII, 110),

Calligraphie arabe (chez les orthodoxes)  : « Notre Père » 

 

 

■ Divinité de Jésus

« Infidèles ont été certes ceux qui ont dit : « Dieu est le Messie, fils de Marie ». Réponds-leur : « Qui donc peut en rien répondre de Dieu, s’Il veut faire périr le Messie, fils de Marie, ainsi que sa mère et tous ceux qui sont sur la terre ? » (Coran V,17)

Tout Envoyé révèle Dieu ; ainsi donc, si l’on considère leur perfection intérieure, par le souffle divin, l’intensité de la Lumière divine dont ils sont « porteurs » et qu’ils irradient, tous les Prophètes « luminaires éclatants » sont « divins ». La lumière de la lune est-elle autre que la lumière du soleil ? Cette vérité est confirmée par ce hadith Qûdsî : « Nul ne peut Me contenir, le cœur de mon serviteur Me contient ».
Une mise en garde n’est donc pas adressée aux chrétiens parce-qu’ils diraient que Jésus est divin mais parce-qu’ils affirmeraient que « Dieu est le fils de Marie » tel indiqué et dans l’ordre indiqué dans le verset sus-cité.

Jésus est divin si l’on considère sa réalité essentielle mais Dieu n’est pas Jésus, sa réalité étant moindre face à Son Infinité, comme lui même l’a affirmé : « Le Père est plus grand que moi » : « avant » Jésus est Celui qui est, est de toute éternité, sans début ni fin ; Il ne peut être limité à une manifestation dans le temps. Un glaçon est eau sans être l’Eau. La Divinité absolue ne peut être contenue par aucune chose puisqu’Elle est l’Essence, le cœur même des choses et Sa propre Essence.

De même que les anges, eux-mêmes, sont totalement soumis, le Christ qui priait en se prosternant, a toujours reconnu sa totale dépendance et soumission : « Qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit mais en Celui qui m’a envoyé », « Ma doctrine n’est pas de moi mais de Celui qui m’a envoyé », « Le Fils de l’homme est venu pour servir » et « Pourquoi m’appeler bon, Dieu Seul est Bon » ; Jésus marque bien la différence entre son image éphémère et limité, en tant que créature soumise au mouvement, au temps, au repos, à la nourriture, et le Principe qui l’anime, qui animait Moïse et qui anime toutes choses.

« Si tu considères la forme, ta vision est double. Considère Sa Lumière, car elle est unique » (Sultan Valad)

Jésus a dit : «si vous croyiez en Moïse, vous croiriez en moi ». Car effectivement, à moins de loucher ou d’être aveugle, quelques soient les « supports » choisis par Dieu, la Lumière est unique !
Les Envoyés sont des parfaits serviteurs en tant qu’ils n’ont aucune volonté propre (St Jean 7-17 ; 8-42 ; 12-49 ; Coran LIII, 3-4) et parfaits « seigneurs » en tant qu’ils révèlent Dieu (St Jean 8-19 et Coran IV, 80). Luminaires éclatants, images parfaites de nous-mêmes, ils ne peuvent être lumière par eux-mêmes. Dieu est La Source unique.

Ce qui est donc objecté dans le Coran, c’est le fait de se fonder sur la divinité d’un phénomène terrestre et historique, de confondre le symbole et le symbolisé c’est-à-dire de confondre l’image et la Lumière qui la fait apparaître au risque d’adorer cette image en la prenant comme Seigneur « en dehors de Dieu ». (V, 116-118). Celui qui adore la cruche ignore l’Eau. Ce qui était ouverture au divin devient alors un obstacle incontournable, un shirk (association à Dieu). L’icône devient l’idole.

■ Incarnation

Quand le chrétien dit « incarnation », le musulman dit « lumière ». Il répugne à parler d’incarnation qui pourrait laisser entendre une localisation, un point de vue incompatible avec l’Unicité divine ; ce serait prendre le risque de confondre l’image avec la Source qui l’a fait apparaître. La Lumière est unique, englobe tout et donne à voir. Toutes choses provient de Sa Lumière. Toutes les existences sont les « Paroles de Dieu qui ne s’épuisent jamais » (XVIII,109 ; XXXI,27) car toutes ne sont que la Parole : « Sois » (Kun = Fiat lux) qui est le Verbe de Dieu. Dieu dit « kun » (soit) et cela est. Quand on allume une lampe, la pièce est totalement illuminée sans aucune localisation. La subtilité de la lumière fait qu’elle n’a besoin ni de se localiser, ni de se mélanger pour occuper tout l’espace sans en chasser l’air, non plus que les formes et les couleurs qu’elle fait apparaître.

Réaliser sa nature spirituelle véritable -ou la nature divine du christ-, c’est cela la signification symbolique de « l’incarnation ». Mais le terme est équivoque et peut induire en erreur. C’est pourquoi, en islam, on proscrit ce terme qui risque de se transformer en déification historique de la chair, prisonnier d’une image et du plan horizontal. Jésus est ‘abd, (serviteur de Dieu) et Rûh Allah,( Esprit de Dieu) sans que ces deux aspects soient confondus.
En Islam, on parle d’Omniprésence divine : « Dieu est plus proche de l’homme que sa veine jugulaire » est-il dit dans le Coran. Et « Nul ne peut me contenir, le cœur de Mon serviteur Me contient » Seuls ceux qui suivent une voie de sainteté actualisent en leur cœur ces paroles et en réalisent la vérité. Dépouillés de leur individualité (ego) et délivrés de toutes les visions partielles et illusoires qui y sont attachées, ils prennent vie en Dieu, et n’agissent que par Lui ainsi que Dieu l’a dit par Son Envoyé Muhammad : « Mon Serviteur ne s’approche pas de Moi par quelque chose que J’aime davantage que par les actes que Je lui ai prescrits, Il ne cesse de s’approcher de Moi par les œuvres surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime. Et lorsque Je l’aime, Je suis son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il saisit... ». Ceux là ont compris l’injonction de Jésus « Soyez Un » et ont réalisé qu’ « Il n’y a de dieu, que Dieu ».

(Pour ce qui est du Coran, dans le langage chrétien, on dirait que le Verbe est incarné dans le Coran, « Parole de Dieu incréé », transmis et transmué en Muhammad puisque « sa nature était le Coran », le Paraclet et « l’Esprit de Vérité » de l’Evangile selon Saint Jean. L’Esprit de Vérité est unique même s’Il se révèle sous des aspects différents.)

■ Crucifixion

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Le shéma cruciforme traditionnel est universel. Il représente géométriquement l’épanouissement intégral, la communion parfaite, de la totalité des états de l’être, en ampleur  (horizontalement = développement indéfini des possibilités individuelles)  et en hauteur (verticalement = hiérarchie indéfinie des états multiples), symbole de l’Homme Universel.

Dans le christianisme, à un deuxième degré, elle donne une interprétation des « deux natures » du Christ. A un troisième degré, elle est historiquement la croix de la Passion : c’est, de nos jours, ce que les enseignements théologiques chrétiens en retiennent.

Qu’en est-il dans le Coran ?

« ..pour avoir assuré : « Nous avons tué Jésus le Messie, fils de Marie »..Ils ne l’ont pas tué, ils ne l’ont pas crucifié, mais l’illusion les en a possédés (ou « Il leur fut ressemblé »). Ceux qui là-dessus controversent ne font qu’en douter, sans avoir en l’espèce d’autre science que de suivre la conjecture…Ils ne l’ont pas tué en certitude.
Mais Dieu l’éleva vers Lui
…et il sera un témoin contre eux, le Jour de la Résurrection
» (Coran, IV, 156-159)


▪ D’une part, par cette invective toute prétention est déniée à ceux qui s’illusionnent sur leur pourvoir d’« éteindre de leur souffle la Lumière de Dieu » : on ne saurait endommager La Vérité malgré tous ceux qui s’acharnent contre elle.

▪ D’autre part, il est nécessaire que la révélation coranique, qui clôt le cycle des révélations, présente Jésus dans sa fonction de témoin au jour de la résurrection, jour dans lequel il redescendra du « lieu » où Dieu l’a élevé. En effet, Jésus doit revenir : il a donc été élevé et occulté à nos yeux. (Ce qui correspond à St Jean 20-17).
Dieu dit qu’ « Il leur fut ressemblé », c’est-à-dire que l’illusion leur en a été donnée. Ainsi, si Jésus n’a pas été réellement crucifié, ils l’ont néanmoins cru car ils l’ont vu ! Dans la spiritualité islamique, il est connu que certains hommes qui ont laissé leur âme égotique pour laisser place seulement à la Connaissance du Seigneur, -réalisant donc non seulement par la parole mais par identification- qu’ »il n’y a de dieu que Dieu », peuvent quitter un endroit et y laisser un « substitut » (badal) constitué par une substance subtile (haqîqa rûhaniyya) qui prend forme corporelle (tajassadat). Ses interlocuteurs ont alors l’illusion d’avoir affaire à lui. (1)
On retrouve cette dernière perspective, quand l’Apôtre Pierre à Rome qui allait alors être crucifié prononçât ces paroles :

« .. Je ne tairai pas ce mystère de la croix autrefois fermé et caché à mon âme. Que la croix ne soit pas ce qu’elle paraît, pour vous qui espérez dans le Christ ! Car elle est toute différente de cette apparence, cette passion selon celle du christ… Eloignez vos âmes de tout ce qui est sensible, de tout ce qui apparaît et n’est pas vrai ! Arrachez de vous ces visions, arrachez ces auditions, les actions apparentes, et vous connaîtrez ce qu’il en a été pour le Christ et tout le mystère de votre salut ; et que ces paroles, pour vous qui les entendez, soient comme si elles ne l’étaient pas… »(2)

Il est d’ailleurs intéressant de noter que du Ve siècle au début du Xe siècle, les artistes byzantins représentèrent presque toujours le Christ vivant sur la croix. La croyance générale était qu’il ne pouvait véritablement s’agir d’une mort au sens courant du terme mais d’une mort providentielle qui assume une image semblable à celle de Jésus aux yeux de ceux qui en sont les témoins pour qu’ils conservent le souvenir de celui qui doit mourir à la Vie ; car le symbolisme de la croix, c’est la résurrection : le dépouillement individuel jusqu’au sacrifice (étymologiquement : rendre sacré).

Comme toujours, dans la perspective islamique de l’Unicité divine, la vérité du symbole doit l’emporter sur celle du fait ; en Islam, la résurrection passe par le « grand djihad » comme l’a dit le Prophète (saws) : « Mourez avant de mourir ».

« Ne dites pas de ceux qui ont été tués dans la voie de Dieu sont morts : mais ils sont vivants ; quoique vous ne vous en rendiez pas compte » (III,169)

Dans son Colloque des oiseaux, Farid al-Din Attar nous conte la parabole du Symorgh, itinéraire de l’homme vers Dieu, qui illustre bien ce que peut être le « chemin de croix » du musulman. (Cliquez ici : Le Symorgh)

Aujourd’hui, le symbole de la crucifixion qui est de mourir à son individualité pour ressusciter en Dieu, est incompris : on s’en tient alors sentimentalement à une image.

(1) Lorsque l’homme s’éloigne des créatures ainsi que de sa propre âme, et fait taire en lui la conscience du moi pour laisser place seulement à la connaissance du Seigneur, aussi lorsqu’il se détache de la nourriture corporelle et se maintient en état de veille pendant que les autres sont plongés dans le sommeil, lorsqu’il réunit donc en lui ces quatre résultats, sa nature humaine est transmuée en nature angélique, sa servitude est changée en seigneurie, son intelligence (‘aql) est convertie en faculté intuitive (hiss), sa réalité invisible (ghayb) devient manifeste (shahada) ! Alors lorsqu’il quitte son endroit il y laisse un « substitut » (badal) constitué par une substance subtile (haqîqa rûhaniyya) avec laquelle se tiennent en rapport les esprits de l’endroit : quand quelqu’un des humains de cet endroit manifeste un désir vif de la personne absente, cette substance subtile prend forme corporelle (tajassadat) devant ceux-ci.
On lui parle et elle leur parle. Ses interlocuteurs s’imaginent qu’ils ont affaire avec l’être véritable alors que celui-ci est loin de là jusqu’à ce qu’il ait terminé ce qu’il avait à faire. Cette substance subtile peut prendre forme corporelle aussi dans le cas où celui auquel elle appartient conçoit lui-même un désir intense de l’endroit quitté ou encore quand il y a entre lui et cet endroit une attache qui intéresse sa force spirituelle (ta-’alluqu himmatin)

( Ibn Arabî  dans Hilyatu al Abdal ) relaté par Michel Vâlsan, « La Parure des Abdâl », Etudes Traditionnelles n° 286 et n° 287 resp. Sept. et Oct.-Nov. 1950)

(2) Ces paroles sont extraites des « Actes de Pierre » du Nouveau testament. Cet évangile était répandu avant le 4e Siècle dans les milieux ecclésiastiques et monastiques de l’Orient et de l’Occident chrétiens, avant de suivre le sort de tous les livres non-admis dans le canon, au cours du 4 e Siècle.

. Le dogme du rachat :

Directement issu du dogme de la crucifixtion, sa notion est parfois si mal comprise que certaines personnes s’imaginent qu’elles seront sauvées quoiqu’elles fassent puisque Jésus est mort pour racheter leurs péchés (Coran VII, 169).
Or la responsabilité est le principe essentiel de la justice et de l’Amour. Si l’être est « déchu », s’il a besoin d’un rédempteur, c’est en tant qu’il leur montre la voie et c’est en prenant cette voie qu’il est « sauvé » (« Prenez votre croix et suivez-moi »). La responsabilité demeure entière (Coran II, 38 et XXXIII, 72).
Dans le christianisme originel, l’œuvre rédemptrice est inachevée. Elle ne sera consommée que lors de la parousie glorieuse. La première venue de Jésus a préfiguré son retour en tant que Messie.

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