La calligraphie

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Quand l’art de la belle écriture s’applique à l’Ecriture sacrée -Support de la Parole éternelle et incréée de Dieu- qui est une œuvre d’art en soi, cet art sera forcément le plus noble. Il symbolisera l’Acte divin, par analogie au « calame suprême » en son prototype éternel inscrit sur la « table gardée » (el-law hul-mahfûz).

Comme tout, la Parole et l’Ecriture n’appartiennent qu’à Dieu et c’est Lui, selon le premier verset révélé à Muhammad (saws), qui enseigne à l’homme l’usage du calame. Le calligraphe va participer à cet enseignement et s’y transformer en trempant sa plume dans l’encrier prodigieux de magnificence de son Océan infini. Les sens et le mental en suspend, en traçant la parole divine sur un support vierge, il va reproduire symboliquement l’acte de Dieu dans le cœur vierge du Prophète. (saws)

Symbole privilégié du Verbe, instrument de l’esprit qui aspire à l’Eternité, s’appuyant sur des formes pour atteindre ce qui est au-delà des formes, l’art de la calligraphie coranique offre à l’artiste un moyen privilégié de méditation et de contemplation. Par son geste désintéressé, la grâce viendra déchirer le voile des apparences pour lui révéler La Beauté de l’unité divine. L’Emir Abd el-kader dira de la calligraphie : « de toutes les activités manuelles, l’écriture est sans conteste celle qui apporte le plus d’avantages, dans la mesure où elle met en jeu à la fois la connaissance et le discernement, dans la mesure aussi où elle exige de l’esprit qu’il s’élève depuis les lettres, tracées séparément, jusqu’à la forme des mots que la langue prononce, et de la forme des mots jusqu’à la signification qui leur est propre. L’esprit se transporte ainsi d’un indice à l’autre, et cela d’une façon qui devient bientôt habituelle. C’est de ce trajet perpétuel du signifié au signifiant que l’écriture tire sa puissance, trajet où l’esprit de discernement trouve son véritable accomplissement, source pour l’homme à la fois d’un surcroît d’intelligence et d’un supplément de perplexité » (1)

De toute sa concentration, à l’aide d’un roseau biseauté, le calligraphe va exprimer l’harmonie et l’équilibre, qui sont le reflet de l’Unité divine dans l’ordre cosmique, temporel et spatial. Par l’extension du point -unité de mesure-, en un mouvement ascendant et descendant, il pourra former la première lettre de l’alphabet arabe : âlif (symbolisant l’Essence Une qui unit), puis en un mouvement horizontal déterminé par la moitié inférieure d’un cercle, il pourra tracer le diamètre de l’âlif, et ce, de droite à gauche -sens de l’écriture arabe- symbolisant le changement, le devenir allant de l’extérieur vers l’intérieur du cœur. C’est au cœur de l’homme que s’adresse avant tout la révélation, lieu de l’intuition intellectuelle et de la contemplation.

De nombreux styles seront développés, selon les époques et l’expansion géographique de l’islam, chaque milieu ethnique reflétant sa propre caractéristique :

 

 ob_1be2b9_inna-li-llahi (2)  Le style kûfî qui est le plus ancien des styles calligraphiques. Ce style se distingue par le caractère statique des lettres qui rappellent le caractère abstrait et cristallin de l’architecture. Exprimant une sorte de rigueur géométrique, il renvoie, par la sobriété des traits verticaux et horizontaux, à l’immutabilité du Verbe divin en dehors du temps et de l’espace, et à la permanence de Dieu qui renouvelle à chaque instant la Création par Son Ordre (de haut en bas).
On peut en observer plusieurs variantes : le Kûfi entrelacé (ci-dessus), le Kûfi fleuri (gauche ci-dessous), le Kûfi géométrique (à droite ci-dessous).

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1447012170 Le style naskhî s’apparente à une écriture cursive dont l’allure est plus fluide, et qui fond les lettres en un seul mouvement continu, horizontal, qui correspond à la dimension du devenir et du changement. Son rythme mélodieux symbolise le flot inépuisable de la Parole coranique.

 

1447012216 Le style thuluth représente une synthèse des deux tendances calligraphiques précédentes. A la répétition incisive des verticales très allongés répond, dans le sens du courant horizontal, la mélodie des courbes généreuses, amples et variées, développant harmonieusement les dimensions verticales et horizontales de l’écriture arabe. Cette écriture révèle l’équilibre entre la Transcendance et l’Immanence divines, de l’Unité et de l’Omniprésence de Dieu.

 

1447012288 Le style Dîwânî se différencie des styles précédents par sa souplesse, de grandes envolées en fin de mots, ainsi que par la multiplicité des éléments entrant dans la composition calligraphique. Cette écriture évoque l’amour divin et les élans spirituels du croyant.

La calligraphie islamique dont le charme réside dans la manière dont elle sait combiner la distinction des caractères avec la fluidité de l’ensemble, a été et continue d’être un art cultivé par le monde musulman, qu’il soit arabe ou non-arabe. Cette dernière précision est importante, elle démontre que la valeur que les musulmans accordent à cet art, ne sont pas déterminées par le seul attachement à la beauté formelle de la langue arabe, mais tiennent avant tout à l’adhésion au Verbe de Dieu. Le talent du calligraphe résidera dans sa capacité à transcrire les qualités spirituelles qui sont propres à la Parole révélée, et non dans la connaissance extérieure et grammaticale de la langue arabe. Les principaux styles calligraphiques aux formes établies et recensés précédemment, peuvent s’enrichirent de modes, de contrastes et de types nouveaux qui mettent en lumière les modalités diverses du langage symbolique.

Haji nour Din, http://www.hajinoordeen.com calligraphe musulman chinois, est le cas typique de cette diversité dans l’Unité. Ci-dessous : « Il n’y a de dieu que Dieu »

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C’est le cas également de Antoine Barbeyer, calligraphe musulman français : Fenêtre de Calligraphe…

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« Lumière sur lumière » du verset coranique : « La lumière »

 

c0067690_9375521 Et le cas de Fouad Honda Kouichi, musulman janonais.
Voir : Honda Kôichi, le maître incontesté 



(1) Abd el Kader, Lettre aux Français, chap. ; « Du mérite de l’écriture », Phébus, Paris, 1977, pp. 176-177.
.
(2) Calligraphie style kûfi entrelacé : « En vérité, nous sommes à Dieu et c’est à Lui que nous retournerons » [innâ li-Llâhi wa innâ ilayhi râji'ûna] (Coran II, 156)

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Publié dans : â–  ART :, - Calligraphie (1) |le 3 janvier, 2007 |Pas de Commentaires »

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