Composition de la Sunna
Après le Coran, la deuxième source de l’Islam est la Sunna du Prophète (saws) qui rend la Révélation opérante dans la dimension vécue. Elle comprend :
- Le Hadith : désigne une communication orale du Prophète Muhammad (saws) et par extension un recueil qui comprend l’ensemble des traditions relatives à ses actes et paroles ainsi que de ses compagnons, considérés comme des principes de gouvernance personnelle et collective pour les musulmans, que l’on désigne généralement sous le nom de « tradition du Prophète ». (1)
- Le Hadith qudsî [sentences saintes] sont des paroles inspirées directement à l’Envoyé -Dieu y parle à la première personne-, et méditées surtout par ceux qui aspirent à la « Face » divine.
Auxquels on peut adjoindre tous les commentaires, raisonnements et déductions établis par les compagnons du Prophète (saws), les Savants et les Saints.
Le Prophète Muhammad (saws), de son vivant, défendait à ses compagnons d’écrire ses paroles de crainte qu’une confusion puisse exister entre celles-ci et la Révélation. Un certain laps de temps s’est donc écoulé entre sa mort et la mise par écrit de ses faits, dires et gestes. Cette reconstitution a été faite par les informations recueillies de la tradition orale. Après chaque Hadith, sont mentionnés les noms de ceux qui ont rapporté le récit en remontant à la première source. C’est dire le souci d’exactitude qui a caractérisé cette tâche.
Si tout élément de la Sunna s’impose, -N’est-il pas écrit dans le Coran : « Obéissez au Prophète » et « Qui obéit au Prophète obéit à Dieu« ?- il ne s’impose pas toujours de la même manière. Certaines prescriptions sont à prendre telles quelles, d’autres, tributaires des circonstances, sont plutôt à saisir dans leur intention que dans leurs formulations d’autant que l’on sait que le Prophète (saws) a parfois donné des enseignements différents à des hommes différents, avec un vocabulaire adapté à leur outil mental. Cet effort d’adaptation qui se dénomme « ijtihad » ne doit pas être confondu avec l’innovation blâmable. L’Islam, la mentalité musulmane, unie sans gommer les différences. Le contraire serait d’un idéalisme malfaisant. Le Prophète a dit : « Malheur aux rigoristes » (Il a répété trois fois!) (hadith rapporté par Muslim)
-Si l’on prend, par exemple, le rituel islamique, sa manière de l’accomplir a été établie durant vingt ans sur l’ordre et le comportement du Prophète (saws) et n’a jamais été remis en cause. Il est uniforme dans tout le monde musulman. Constitué par les piliers de l’Islam (profession de foi, prière, jeûne, aumône et pèlerinage), ils sont les principes fondamentaux qui confèrent l’unité à une communauté musulmane très diversifiée. Celui qui les remet en cause détruit la religion.
- Si l’on prend les problèmes de seconds ordres tels que les rapports entre les gens, ceux de la vie civile, ils exigent parfois des réponses adaptées. Dans des circonstances très particulières, on peut même être amené au cas par cas. A la question posée par le Prophète (saws) à Moadh, l’un de ses compagnons : « Comment ferais-tu pour trancher un cas litigieux ? », celui-ci répondit : « J’appliquerais le précepte coranique ou à défaut, je me référerais à vos paroles et enfin si celle-ci manque, je m’en rapporterais à mon jugement« , jugement éclairé cela va sans dire. (2)
Muhammad (saws) a dit :_____________________ « Ne m’interrogez pas sur les choses sur lesquelles je me suis tu. Ceux qui étaient avant vous n’ont péri qu’à cause de leurs nombreuses questions et leurs désaccords avec leurs Prophètes ; quand je vous interdis une chose, évitez-là et quand je vous ordonne une chose, faites-en ce que vous pouvez »__________________
sachant très bien que l’Islam allait se répandre parmi des peuples aux mentalités très variées et en des temps de plus en plus sombres. D’autant qu’en Islam, la nécessité fait loi. Bien sûr, certaines facilités circonstancielles ne peuvent être un prétexte au laxisme.
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(1) Al Hassan al Basrî [Extrait de Kitâb al Shifâ] Le muhaddith est un savant de l’islam spécialiste de la science du hadith. Le râwî: est le transmetteur de hadith, c’est l’un des chaînons de l‘isnad. En étudiant l’isnad et la fiabilité des rowwât (pluriel de râwî) le composant, un muhaddith peut évaluer l’authenticité d’un hadith.
(2) Nul ne peut s’improviser faqih (spécialiste qui délivre des avis juridiques [fiqh] : Sur la nécessité de suivre une Ecole juridique
REFERENCE_______________________________________________________________________
On assiste aujourd’hui à de curieuses études à propos de l’authenticité des hadiths. « Certains « spécialistes » croient pouvoir établir les critères suivants, en dépit de treize siècles d’érudition musulmane :
- si tel hadith peut être interprété en faveur d’un groupe ou d’une école quelconque, c’est qu’il a certainement été inventé ; si par exemple, il est en faveur de la vie spirituelle, c’est les soufis qui l’ont inventé ; si par contre il prête un argument aux littéralistes hostiles à la spiritualité, c’est ceux-ci qui l’ont fabriqué.
- Plus la chaîne des intermédiaires -indiquée par les traditionalistes- est complète, plus il y a de chance que le hadith mentionné soit faux, parce-que, pense-t-on, c’est en fonction de l’éloignement historique que s’accroît l’exigence de preuves.
De tels arguments sont proprement diaboliques, car ils se réduisent en somme à ce raisonnement : si tu ne m’apportes pas de preuve, c’est que tu as tort ; si tu m’en apportes, c’est que tu en as besoin, donc tu as encore tort. Comment ces orientalistes peuvent-ils croire que d’innombrables savants musulmans -d’hommes qui craignaient Dieu et l’enfer- aient pu délibérément fabriquer des sentences prophétiques ? On dirait que la mauvaise foi est la chose la plus naturelle du monde ; mais les « spécialistes » n’ont guère le sens des incompatibilités psychologiques » (Titus Burckhardt, Etudes traditionnelles, p. 55., Dervy-livres.)

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