Breuvage d’Amour

 breuvage

 

Le breuvage bu par les purs, c’est le vin cité dans le verset XLVII, 15 du Coran, qui exprime l’Amour divin résultant de la contemplation.

La Création divine provient de l’Amour : Il crée, Il aime ; Il est donc l’Amant et l’Aimé, le Demandeur et le Demandé.

« Ils les aiment et Il l’aime ». (Coran V, 54)

Le vin n’est que l’image de cet amour, dont les noms et les attributs, signifient ce que Dieu infusa en leur âme de connaissance, de désir ardent de retour à Lui et d’amour. Les expressions telles que l’échanson n’est autre que la Source Unique de l’Amour, c’est-à-dire Dieu ; la taverne ou le cabaret ne sont autres que la Création de tout l’Univers.


L’interdiction du vin en Islam renforce et accentue la portée du symbole. Le musulman se préserve pour la véritable ivresse, et puisque s’enivrer au son des instruments et des chants est le fait de buveurs débauchés, le saint opère un retournement par la Vérité de la Générosité divine.

« En souvenir de notre Bien-Aimé nous avons bu un vin délicieux, dont bien avant la création de la vigne nous étions déjà enivrés. « Une coupe brillante comme l’astre de la nuit contient ce vin, qui, soleil étincelant, est porté à la ronde par un jeune échanson, beau comme le croissant. Oh ! combien d’étoiles resplendissantes s’offrent à nos regards, quand ce vin s’unit à l’eau ! « Sans le doux parfum que cette ambroisie exhale, nous n’eussions point été attirés vers elle, si elle n’eût brillé d’un aussi vif éclat, jamais notre imagination n’eût pu la concevoir ! » (Omar Ibn Farid)

« L’expression « Nous nous sommes enivrés » signifie que nous avons été enivrés en entendant : « Ne suis-je pas votre Seigneur ? » (VII, 172)
Avant la création de la vigne, c’est-à-dire avant l’existence ; car la vigne veut dire que ce monde possible et temporel, l’Omnipotence divine le fit sortir du néant. (Bourini)

« L’expression « Nous avons bu » signifie que nous, qui marchons dans la voie de Dieu de toute notre âme et de toute notre volonté tendue, nous avons bu à la mémoire du Bien-Aimé. Ce Bien-Aimé est la Vérité (qu’elle soit Exaltée) qui s’irradie sur Ses serviteurs, extérieurement, par la forme de toutes les choses, celles-ci étant la trace des beaux Noms de Celui qui d’une manière absolue « est Transcendant »
« La mémoire » (Dhikr), c’est le souvenir, après l’oubli et la distraction et après le voile de l’éloignement ; et ce mot peut signifier la citation avec la langue ou avec le cœur. C’est la répétition de « Son Nom » (qu’il soit exalté !), conformément à Sa Parole (Coran VI, 91) : « Dis : Allah ! Et laisse-les à leurs vains jeux ». Car s’occuper d’autre chose que Lui est un jeu vain, qui leurre les ignorants. »
« Nous nous sommes enivrés, c’est-à-dire que nous avons perdu connaissance de tout ce qui est autre que la Vérité. Nous sommes parvenus, par le fumet de cette subtile liqueur, à l’oubli même de notre oubli….

«… Le soleil de « Il les aime » se reflète dans la lune de « ils L’aiment » et c’est toujours la même lumière, la lumière de l’une étant de même nature que celle de l’autre. Et c’est encore, ce vin, la lumière qui brille en tout lieu, et c’est encore le vin de l’existence véritable et l’appel véridique. Toute chose a bu de ce vin et en elle apparaît l’ombre et ce qui donne l’ombre. Il est l’amour qui fait germer toutes les graines et il est le vin qui enivre l’esprit, et il est l’existence qui fait déborder toutes les générosités. Il est l’appel de « kun fa yakûn » (Coran III, 47). « Sois, et cela est », d’où sort tout mouvement et toute stabilité. Il est la substance qui maintient toutes les substances. (Nabolosi)

On aura compris que l’expression « Vin » n’a d’autre signification que l’Amour Divin. Amour de Dieu pour Lui-Même et Amour de Dieu pour les hommes, et des hommes pour Dieu, cause et fin de l’Univers. Amour générateur du monde et Amour des âmes. Amour inséparable de la connaissance (Mahabba et Ma’rifa) qui est d’autant plus grand que la connaissance est parfaite. De même que la Lumière est une, Amant, Aimé et Amour ne sont qu’Un, et c’est l’aboutissement et la réalisation de : « Lâ ilâha illa-Lhâh » (pas de dieu, que Dieu), profession de foi islamique.

sbismillah

Le chant de l’illumination

Les voiles tombèrent
Lorsque mon Bien-Aimé apparut.
O vous qui en êtes les amoureux,
Ce moment-ci, c’est celui de la Vision
C’est celui de l’Eveil !

Quiconque désire prendre part
A notre secret caché
Qu’il s’approche et qu’il apprenne.
Des sciences lui apparaîtront,
Quel excellent breuvage !
L’échanson y appelle :
O vous qui en êtes les amoureux,
Ce moment-ci, c’est celui de la Vision
C’est celui de l’Eveil !

C’est par ce vin subtil que ceux
Doués de discernement prirent conscience,
Cette boisson à laquelle ils ont goûté !
Qui la détient en a rempli les coupes,
De cette boisson antique et savoureuse
Qui plonge l’amoureux dans le ravissement.
O vous qui En êtes les amoureux,
Ce moment-ci, c’est celui de la Vision,
C’est celui de l’Eveil !

Le Maître de ce Vin a versé à la ronde
Parmi le Peuple de l’ivresse ;
Et les voiles s’en sont trouvés déchirés.
Mais celui qui est voilé
Que pourrai-il en comprendre ?
Le malheureux, que de peines il m’a données
Ce qu’il en est, il ne sait pas !
O vous qui En êtes les amoureux,
Ce moment-ci, c’est celui de la Vision
C’est celui de l’Eveil.

(extrait Diwan du Cheikh al-Alawi)

Nectar licite

Louable est mon ivresse, licite est le Nectar
Dont la Vigne et son Fruit n’ont pas eu de part.
A la Coupe divine où je portai mes lèvres,
L’unique goutte bue, en mon âme soulève
Une extase dont le feu ne s’éteindre jamais,
Pour moi comme pour tous, qui de ce Vin boiraient.

Que dans ta tombe encore sa Flamme t’éblouisse ;
Que cette Ivresse encore te guide et t’ensevelisse,
Et lorsque de l’Archange l’Appel dominateur
Rassembler les Mondes aux pieds du Créateur,
L’Honneur d’avoir pu boire à la Coupe Sublime
T’assurera sans fin la Clémence Divine.

Les Habitants des Mondes sont tous d’amour grisés ;
D’un Amour ignorant d’où leur vient leur Ivresse,
N’ayant reçu de lui que la Coupe traîtresse
De l’Echanson sans Nom qui leur demeure voilé.

« J’étais un Trésor caché », nous dit l’Astre qui monte,
révélant le Mystère de l’Amour en ce Monde ;
et dans ma Coupe emplie par cette Vérité,
je puise un Vin précieux dont j’aime à me griser.

Bois, bois donc de ce Vin, pénètre son mystère ;
Par lui deviens illustre, et comme lui Lumière.

La Réalité « Une », si ce n’était l’Amour,
D’où nous viendrait la flamme alimentant le four ?
D’où nous viendrait le feu pour cuire le pain du jour ?

L’Amour ! Lorsqu’il atteint le cœur d’un amoureux
Fait que la nuit obscure pour lui devient clarté,
Quand s’avance vers lui la douce Bien-Aimée
Et que ses yeux près d’elle voient se pencher les Cieux.

Celui qui du Seigneur demeure éloigné,
De son malheur ignore toute l’immensité ;
Cette séparation, par décret redoutable,
Augmentant l’ignorance de cet être égaré,
Ne lui laisse en pâture que ses vœux misérables.

Si tu œuvres pour Ton Seigneur
Ah ! Ne crains rien, O travailleur !
Ton « Patron » est un Bon payeur,
Avec le prix de ta journée
Tu recevras l’Eternité !

(Abdel Qader Al-Jilanî)


Le Trésor de tous les Noms


La vague, la bulle, l’eau et la mer,
Ne sont qu’une même chose à nos yeux.
Nous sommes l’eau, la bulle,la vague,
Seule la mer connaît notre réalité.
Vois, grâce à la certitude, qu’ils sont identiques
la goutte, le ruisseau, le torrent, la mer.

Nous sommes le Trésor de tous les Noms,
Nous sommes la Lumière de toutes les choses.
Immergés dans l’Océan, nous cherchons de l’eau,
Alors que nous sommes la goutte et la vague, le ruisseau et la mer.

L’eau et le verre reflètent notre réalité et notre forme,
Quel est celui qui possède le secret de cette coupe et de ce vin ?
Nous sommes issus de la mer et la mer nous reflète,
La vague que nous sommes est notre propre voile.

L’eau est notre source et notre miroir,
Point de dualité entre nous et la mer ;
Le monde, d’un bout à l’autre, n’est qu’un mirage,
Mais regarde bien, ce mirage n’est autre que nous.

Sois attentif et regarde par mon œil,
Et tu verras notre réalité identique à la Réalité.
Dans tous les miroirs il n’y a qu’un seul Reflet,
Contemple ce Reflet et chasse le doute.
Regarde la goutte, le ruisseau, la vague,
Cherche ensuite la mer et reconnais ton identité dans toute eau.
Fais-toi une coupe faite de vin et remplie de vin,
Oui, l’eau et le verre d’eau sont identiques.

Je t’expose le secret de l’Unicité,
Un seul Être et des reflets infinis.

(Ne’matollâh Valî,  Extrait de Lieux d’Islam, cultes et cultures de l’Afrique à Java – Dirigé par Mohammad Ali Amir-Moezzi)


L’argile d’Adam

La nuit dernière,
j’ai vu les anges frapper
à la porte du cabaret,
D’Adam, l’argile ils pétrissaient
Des coupes, ils en façonnaient
Ceux qui résident au-delà du voile sacré,
les purs de l’univers angélique,
M’ont tenu compagnie, moi, le mendiant des rues…
Pour boire le vin de l’ivresse !

(Hâfez)

 

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