La chandelle
« Une nuit, ne pouvant dormir, je m’en souviens,
J’entends le papillon disant à la chandelle :
« Je t’aime et je comprends que j’en sois consumé.
Mais toi, pourquoi gémir et pourquoi donc brûler ? »
« Dérisoire amoureux, répondit la chandelle,
Le miel, mon doux ami, fut séparé de moi.
Depuis que sa douceur se trouve loin de moi
Comme Farahd, l’amant meurtri, une feu me brûle »
Tandis qu’elle parlait,
un torrent douloureux
de pleurs
se répandait sur son visage pâle.
Elle me dit :
Présomptueux, tu ne sais rien de l’amour,
Tu ne sais ni souffrir ni persévérer.
Car au moindre contact de la flamme tu fuis.
Moi je reste pour être par elle consumée.
Si le feu de l’amour brûle un peu de ton aile,
Regarde, ose du moins y brûler tout entier.
Et la nuit n’avait pas versé toutes ses heures
Qu’une femme éteignit tout à coup la chandelle.
Tandis que la fumée s’élevait, elle dit :
« C’est l’implacable loi d’amour, ô mon enfant!
Voici donc le secret si tu veux le connaître.
De sa flamme nul n’est sauvé que par la mort. »
(Saadi)

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