Etymologie du mot taçàwwuf -çàwwuf (souf) = soufi-

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Conformément à la langue arabe dont les lettres correspondent à des nombres, le sens véritable du mot « soufi », en langue arabe, est donné par l’addition des valeurs numériques des lettres dont il est formé ; or, selon le sheikh Abdel Wahid Yahiah, « le mot a le même nombre que El-Hekmah el-ilahiyah, c’est-à-dire la « sagesse divine » ; le çûfi véritable est donc celui qui possède cette sagesse, ou, en d’autres termes, il est el-ârif bi’llah, c’est-à-dire «le connaissant par Allah ».

Ce sens est conforté par des similitudes phonétiques dont la première viendrait du terme arabe safa ou safw qui signifie pureté cristalline, -or, pour « connaître par Allah », il faut être pur-. Ce n’est pas par hasard qu’un des noms du Prophète (saws) est Safiyyullah (Celui que Dieu a choisi) d’où proviennent les autres similitudes phonétiques : ahl al-Saff (les Gens du rang), dans le sens de « premier rang » béni et élite de la communauté ; Ahl al-Soufa, (les gens du Banc), en référence à ceux qui vivaient dans la Mosquée du Prophète (saws) à Médine, et qui furent mentionnés dans le Coran comme « la compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir désirant Sa Face » (Coran XVIII, 28) et qu’on aurait désigné par le mot Suffiyya. La troisième de ces équivalences serait tirée de al-souf (la laine), du fait que les gens pieux de Koufa s’en revêtaient. Quant à la quatrième, elle dériverait de souffat al kaffa (éponge molle) en référence au cœur de saint pur et réceptif.

D’autres racines linguistiques sont données au terme « Taçawwuf » :
« Ta » = « tawba /repentir »
« çad » = « çafa / pureté »
« Waw » = « wilaya/sainteté »
« Fa » = « Fana/extinction en Allah »

Le Cheikh [As-Shàdhilì] disait qu’il y avait divergence d’opinion à propos de l’origine du terme «soufi» (sûfì), mais que l’opinion la plus juste était que ce terme signifiait : « Dieu l’a purifié » (sâfâ-hu Allah) ; on peut donc dire d’un tel être qu’il « a été purifié » (sûfiya). Il disait n’accorder ce nom qu’au héros spirituel (al-fatâ) doté de pureté. Il expliquait ainsi les quatre lettres qui le composait : 

- La première (la lettre arabe sâd) incarne l’endurance (sabr) du soufi, sa sincérité (sidq) et sa pureté (safâ),
– la deuxième (la lettre wâw) son émotion extatique (wajd), son attachement (wudd) et sa fidélité (wafâr),
– la troisième (la lettre fà) la perte de sa conscience ordinaire (faqd), son indigence face à Dieu (faqr) et son extinction en Lui (fana’)
– la quatrième, elle n’est autre que «le yà de relation-origine» (yà al-nisba) : lorsque le soufi a réalisé toutes les qualités précédentes, il est directement annexé (udîfà) à la Présence de son Seigneur.
(Ibn ‘Atà Allàh –La Sagesse des Maitres Soufi- pag.226-227 -Ed.Bernard Grasset)

Tous les sens de ces racines se rejoignent et montrent bien que le taçawwuf (soufisme) est l’essence même de l’Islam. Dans la famille du Prophète (saws), la norme était la perfection tant intérieure qu’extérieure, conférée par la pureté du cœur. « Allah ne veut que vous débarrasser de toute souillure, ô gens de la maison du Prophète et vous purifier pleinement. » (Coran XXXIII, 30-34)

Par sa présence noble et sacrée, sa bénédiction (baraka) conférait à ceux qui le fréquentait le titre de « compagnons », tous des maîtres pour les croyants. Le Prophète (saws) disait d’Abu Bakr qu’il n’était pas supérieur par le nombre de prières, d’aumônes ou de jeûnes mais à cause de ce qui était dans son cœur. Tous, par cette précellence spirituelle, se distinguaient des « bédouins » aux quels Dieu s’est adressé en ces termes : « … vous ne croyez pas, dites plutôt « nous nous soumettons » tant que la foi n’a pas encore pénétré votre cœur… » (Coran XLIX, 14)

S’étant vêtu toute sa vie d’un manteau de laine, Al-Hassan al-Basri, fils d’un esclave libéré de Oum salam (femme du Prophète -saws-) et d’un esclave affranchi de Zayd Ibn Thabit (fils adoptif du Prophète -saws-) fut l’un des premiers à avoir été formellement désigné par le terme « soufi ». Il est également celui qui aurait officiellement développé les « écoles » de ce qui sera connu comme taçàwwuf et dont les principes étaient le Coran et la Sunna. (Ibn al-Qayyim, Rawdat al-mihibbin, p. 225)

Il est très important de souligner que le soufisme n’est pas une évasion excentrique qui alimente le discours des idéologues de l’islam (ceux dont la lecture du Coran ne dépasse pas la gorge) ou un refuge d’émotions mais la réalité en acte ; c’est le grand combat contre ses désirs pour que chaque instant soit consacré à Dieu, quelque soit l’activité que l’on mène et le lieu où l’on se trouve ; rien de sentimental et de facile !


Références_______________________

« Aime ceux que Dieu a aimé (awliya’Allah) et fais en sorte de te faire aimer d’eux, car Dieu regarde dans le cœur de ses saints soixante dis fois par jour et chaque nuit. Peut-être trouvera-t-il ton nom inscrit dans le cœur de l’un d’entre eux. Il t’aimera alors et te couvrira de Son pardon. »
(Abu yazid al Bistami)

« Le plus proche de Dieu est celui qui, en secret, contemple et, au dehors puise aux sources de la Loi. Celui-là reçoit l’héritage au complet. Il est complé des plus grandes richesses, car il suit les traces de l’Aimé (Al-Habib : un des noms du Prophète Muhammad (sawq) »
(Ibn’Ajiba)

Ibn Taymiyya -qu’on croit, à tort, hostile au soufisme- a également relaté les explications données chez les uns et les autres quant à l’origine du terme « soufisme ». Il écrit : « Les musulmans des premières générations appelaient « al-qurrâ’ » les hommes versés dans la science des sources musulmanes et dans la piété ; ce terme englobe donc à la fois « al-’ulamâ » et « an-nussâk ». Puis, à un certain moment, le nom « as-sûfiya » (« soufis ») apparut. » Cette dénomination, poursuit-il, serait issue d’un des mots suivants : « sûf [laine], ou safwa [extrait, quintessence], ou suffa [petit banc à l'extérieur de la Mosquée du Prophète à Médine, où des pauvres musulmans restaient], ou safâ [pureté], ou l’expression as-saff ul mutaqqadam bayn yadayillâh [la première rangée, rapprochée de Dieu]« 
(Al-furqân bayna awliyâ’ ir-Rahmân wa awliyâ’ ish-shaytan, Ibn Taymiyya, p. 24).

 

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