L’Hégire

 

L’année de l’Hégire, c’est l’année où la communauté musulmane reçoit l’ordre de s’expatrier de La Mecque à Médine (Yathrib). Les croyants quittent leurs attaches en endurant les persécutions puis l’exil dans un acte de totale confiance en Dieu et en Sa Volonté.

Les musulmans émigrent par petits groupes et dans la clandestinité ; ils peuvent ainsi passer inaperçus et échapper aux païens Qoraïshites qui n’hésitent pas à les martyriser….. enchaînant les uns et les abandonnant sous un soleil brûlant, jetant les autres au fond d’un puits ou encore les crucifiant sur un chameau puis les écartelant…

Mais c’est sans compter sur le stratagème que les chefs des principales familles de la Mecque son en train d’organiser pour assassiner le Prophète (saws) :
« Walîd, fils de Moghaïra ; Sofyân, fils d’Omayya ; Abou-Djahl, fils de Hischâm, et Abou-Sofyân, fils de ‘Harb, se réunirent en secret pour délibérer de quelle manière ils feraient périr Mohammed, qui, disaient-ils, nous insulte, nous et nos invités, et qui veut nous empêcher d’adorer les idoles. Walîd, fils de Moghaïra, dit : Enfermons-le dans une maison et laissons-le mourir de faim et de soif. Abou-Djahl dit : Ceci n’est pas un bon avis ; car Mohammed a des parents à La Mecque, qui le rechercheront et qui, s’ils le trouvent, nous soupçonneront ; alors il y aura du sang versé entre nous et les Benî-Hâschim. Abou-Sofyân, fils de ‘Harb, dit : II faut le placer sur une chamelle, lui attacher fortement les mains et les pieds, et laisser courir cette chamelle dans le désert, elle le portera vers une tribu étrangère, où il tiendra aux gens ses discours, et ceux-là le tueront. Wâlid, fils de Moghaïra, prit la parole et dit : Cet avis n’est pas bon ; car Mohammed est un homme dont la parole est insinuante, douce et agréable ; s’il tombe dans des tribus arabes, il séduira les gens, qui se concerteront et viendront nous attaquer. Cela ne serait pas prudent. Ensuite, on demanda l’opinion d’Abou-Djahl. Celui-ci dit : Je pense que nous devons choisir quarante hommes, pris dans toutes les tribus, des hommes vigoureux, de trente à quarante ans, que nous enverrons se poster à la porte de Mohammed. Ils le guetteront à son passage ; au moment où il sortira, le soir, pour faire sa prière et pour faire les tournées autour du temple, ils fondront sur lui avec leurs épées et le tueront. Quand les Béni-Hâschim apprendront sa mort, nous dirons que, comme il a été tué par quarante hommes et que l’on ne peut pas tuer quarante personnes pour le talion d’une seule, nous consentons à payer le prix du sang, tel qu’ils le fixeront. Ensuite nous répartirons entre nous cette somme, que nous payerons. De cette façon nous serons débarrassés de toute difficulté à son endroit. » (1)

Informé du complot par une de ses tantes, le Prophète (saws), accompagné de son compagnon Abu-Bakr, part se réfugier dans la caverne du mont de Thaur, située à peu près à une heure de marche de La Mecque… Entre temps, ‘Ali, un autre compagnon, s’installe dans la maison du Prophète « Lorsque la nuit fut un peu avancée, les quarante hommes vinrent se placer près de la maison du Prophète, chacun dans un coin, dans l’intention de tuer Mohammed, quand il sortirait, le matin, pour la prière. Mais, vers minuit, ils se dirent entre eux : allons, entrons dans sa maison pour le tuer ; car il se pourrait qu’au jour les Béni-Hâschim fussent avertis, et que, en nous voyant, ils reconnussent que nous voulons tuer Mohammed. Ils se précipitèrent donc, tous ensemble, dans la maison du Prophète ».(2) Bien entendu, ils ne trouvèrent qu’Ali.

C’est ainsi qu’à l’aube, dépités mais pas encore vaincus, ils se lancèrent, durant trois jours consécutifs, à la poursuite du Prophète  (saws) et d’Abu-Bakr dans l’espoir de les capturer. Ce qu’ils ne savaient pas c’est qu’ils ne pourraient les découvrir. Incroyants, ils ne comptaient que sur leur nombre et leur propre force ; ils ne se doutaient pas qu’ils se mesuraient à Dieu. Or, la Volonté divine était de sauver Son Envoyé. Quand les premiers poursuivants arrivèrent devant la grotte, ils trouvèrent une toile d’araignée devant l’entrée. Voyant la toile d’araignée intacte, ils passèrent leur chemin, persuadés que depuis longtemps personne n’y était entré.
La seconde équipe trouva un nid d’oiseaux et passa également leur chemin ; quant aux poursuivants de la troisième équipe, ils trouvèrent des pierres qui bouchaient l’entrée….
C’est ainsi que le Prophète (saws) et Abu-Bakr (das) purent sortirent de leur abri sains et saufs ; ils se mirent en route et après avoir marché une dizaine de jours sous une chaleur torride, non sans avoir traversé de multiples difficultés (ils durent, entre autres, échapper à quelques poursuivants alléchés par la forte récompense de la capture promise par les Qoraïshites), ils arrivèrent à Médine le 24 septembre 622..

C’est à partir de cette date que commence le calendrier musulman qui correspond au point de départ d’une nouvelle ère pour l’Islam, en dehors des organisations tribales de l’Arabie.
__________
(1) et (2) Tabari

 

---

« Lorsque les incrédules usent de stratagèmes contre toi, pour s’emparer de toi, pour te tuer ou pour t’expulser, s’ils usent de stratagèmes, Dieu aussi use de stratagèmes et c’est Dieu qui est le plus fort en stratagèmes » (Coran VIII, 30).

« Si vous ne secourez pas le Prophète, Dieu l’a déjà secouru, lorsque les incrédules l’ont expulsé, lui, le deuxième des deux [Abu Bakr], le jour où tous deux se trouvèrent dans la caverne et qu’il dit à son compagnon : Ne t’afflige pas ; Dieu est avec nous ! » (Coran IX, 40).

 

Retour sommaire « Sujets divers »

Retour à l’accueil