Le serviteur du roi
« On raconte qu’un certain roi avait un serviteur favori et extrêmement proche. Au moment où le serviteur avait l’intention de se rendre à la Cour, les gens qui avaient des requêtes à présenter lui confiaient leurs histoires et leurs lettres, afin qu’il les soumette au roi. Il mettait tout dans son portefeuille.
En la présence du souverain, il ne pouvait supporter l’apparition de sa splendeur, et il s’évanouissait. Le roi plongeait alors la main dans sa bourse, son sac et son portefeuille, avec amitié, disant :
« Qu’est-ce que mon serviteur, évanoui et absorbé par ma beauté, porte là ? ».
Il prenait les lettres et écrivait au dos de ces pétitions l’ordre d’exaucer les désirs de tous les quémandeurs, puis remettait le tout dans le portefeuille, afin qu’aucune demande n’essuie de refus, mais que les désirs soient doublement satisfaits, et même davantage. Sans que le serviteur exposât les requêtes de chacun, toutes recevaient satisfaction.
Quant aux autres serviteurs, qui restaient lucides et avaient la possibilité de raconter au roi les histoires des quémandeurs, sur cent affaires et cent requêtes, rarement une seule était exaucée. »
(Rûmi, Le Livre du dedans p. 41 chez Albin Michel, traduction Eva de Vitray-Meyerovitch)
Quand Sa lumière se manifeste sans voiles, il ne reste rien.
« Lorsque j’arrive en Sa présence et que les rayons du soleil de Sa beauté m’illuminent, je ne me souviens plus de moi-même : comment pourrais-je me souvenir de toi ? » répondit un saint à un souverain qui lui demandait de se souvenir de lui en la Présence de Dieu.

Vous pouvez laisser une réponse.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.