La transformation de l’ego ou la perfection du Tawhid
« Il n’y a qu’une chose qui peut faire obstacle entre l’homme et Dieu, et c’est l’âme égotique. »
(kharaqani )
La réalisation du Tawhid [unicité divine] est le cheminement dans la Présence divine, Unique Réalité :
«Nous sommes à Dieu et nous retournons à Lui »
Tant que la conscience de notre ego reste vivace, qu’on s’approprie le « je » comme nous appartenant en propre, nous demeurons éloignés de la perfection du Tawhid même si nous l’affirmons pas la parole et que nous y croyons fermement.
Seul le détachement total – la pauvreté ontologique (fark) dans la servitude [ubadiyya]- peut faire tomber les voiles de cette illusion existentielle.Dès cette vie, Dieu accorde cette grâce à qui Il veut. Il en est ainsi des Prophètes, des saints, des maîtres parfaits, pour lesquels les voiles sont tombés : dépourvus de désirs individuels, ils savent, ils voient, ils se meuvent par Allah.
« Quand le détachement atteint sa perfection, Dieu est là, pur. Il est l’Unique, Il n’a pas d’associés.
Si une tente ou un étendard s’agitent dans l’air, les sages savent que c’est le mouvement du vent, car la tente et l’étendard ne remuent jamais en l’absence de vent. C’est pourquoi Dieu a dit : « Tu ne lançais pas toi-même les traits quand tu lançais, mais Dieu les lançait » (Coran VIII, 17) C’est-à-dire : Ô Muhammad ! Cette flèche que tu lances et qui jaillit de l’arc de ton être, ce n’est pas toi qui l’a tirée, c’est Moi, car tu es comme un cadavre devant Ma majesté… Avant l’instant fatal de la mort, tu es mort et anéanti dans Mon amour. « Mourez avant de mourir ».. [1]
Les hommes de Dieu sont morts avant de mourir, bien vivants !
«Dissous dans l‘amour et la majesté de Dieu. Ils sont comme la porte et le mur, sans pensées et sans conscience. Si une voix et un appel proviennent d’un mur, tout le monde sait que c’est la voix d’un orateur invisible et qu’il y a quelqu’un qui crie derrière le mur ; le mur n’a pas l’aptitude à crier. Telle voix vient des prophètes des saints et des maîtres parfaits qui sont morts avant de mourir.
Ils sont morts à eux-mêmes, et vivant éternellement dans l’Ami
Il est étrange qu’ils existent encore tout en n’existant plus. [..]
Pourquoi ne conviendrait-il pas que le Créateur de l’homme et des Péris, de la terre, du ciel, du Trône céleste, du monde et des créatures fasse de l’homme son instrument… de telle sorte que ces paroles elles-mêmes soient les paroles de Dieu ? Il en va ainsi pour le Qur’ân, qui est sorti du palais de la bouche, des lèvres, de la langue de Muhammad (le salut soit sur lui et sa famille) par la voix, les lettres et les sons ; pourtant, c’est la Parole de Dieu et non les paroles de Muhammad. Et qui conque dit que le Qur’ân est la parole de Muhammad est un impie.
« Toute chose périt, à l’exception de Sa Face » (Coran XXVIII, 88)
[...] Si vous désirez la pérennité, c’est Moi qui suis impérissable. Sortez de vous-mêmes afin que mon « Moi » devienne votre « moi ». Et sortez de votre existence afin que Mon existence soit votre existence, Car, « Quand J’aime un serviteur, Je deviens pour lui l’oreille, l’œil, la langue et la main » [2] Puisque J’aime mon serviteur, c’est Moi qui suis sa vue, c’est Moi qui suis sa parole, c’est par Moi qu’il parle, c’est par Moi qu’il voit, c’est par Moi qu’il entend. Je suis sa parole, Je parle avec sa langue, c’est Moi la lumière de ses yeux, il voit les choses par Moi. Je suis son ouïe, c’est par Moi qu’il entend.
De même au commencement c’est l’âme partielle qui le rendait vivant, et la lumière de ses yeux, son ouïe, sa connaissance et sa science provenaient de cette âme, quand son âme partielle, qui était une goutte de cet océan total, s’est unie à cet océan, et que le voile de la séparation a été ôté, alors c’est Moi qui deviens son âme. Son mouvement, sa vie, sa vue, son ouïe, ses gestes et son repos, tout vient de Moi… quand telle est sa condition, il ne meurt pas et il demeure avec Moi éternellement ». [3]
La religion, quand elle est épouse sincèrement le vécu est un cordage qui nous relie et nous tient fermement dans une tension de retour opposée au mouvement centrifuge, celui de l’errance et de l’égarement dans une multiplicité illusoire.
Ce n’est qu’en s’efforçant –à la mesure de notre capacité- de vivre conformément au comportement des Prophètes et de Ses Amis qu’on peut espérer être un peu comme eux…
« Réussit, certes, celui qui se purifie, et se rappelle le Nom de son Seigneur, puis célèbre la prière. Mais vous préférez plutôt la vie présente, alors que l’au-delà est meilleur et plus durable. Ceci se trouve, certes, dans les Feuillets anciens, les Feuillets d’Abraham et de Moïse. » (Coran 87, 14-19)
Les Envoyés de Dieu n’ont eu pour seul message que l’affirmation inlassable de l’unicité Divine. Tous les feuillets ont le même objectif : le retour à Dieu, l’Un, par le chemin de l’adoration [4] et de la rectitude.
L’islam se présente comme un ultime rappel de cette vérité, qui constitue la religion immuable [dîn qayyim] dont la « descente » du Coran sur le prophète Muhammad (saws) vient en récapituler et en clore le déploiement.
Mon Dieu ! Pour être en Ta présence j’ai hâté mes pas,
vers Toi j’ai levé mes regards, en vue de Tes grâces ;
j’ai tendu mes mains, vers Toi ma voix a crié.
Tu es Celui que ne lasse aucun appel
Tu ne déçois aucun de ceux qui Te prient.
(Dhûl nûn al-Mîsri)
Wa Allahu’alam
_____________________
[1] Hadith de l’Envoyé (saws)
[2] Selon cet hadith qudsî rapporté par Abû Hurayra: «Mon serviteur ne s’approche de Moi par rien de plus excellent que ce que Je lui ai mis à charge comme œuvres obligatoires. Et mon serviteur ne cesse de s’approcher de Moi par des œuvres surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime, et lorsque Je l’aime, Je suis son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il perçoit, sa main par laquelle il saisit, et son pied avec lequel il marche. S’il me demande, Je lui accorderai certainement ce qu’il demande, et s’il cherche refuge en Moi, Je lui accorderai certainement Ma protection.»
[3] Maître et disciple [Kitâb al-Ma’ârif], pp. 53-54 de Sultân Valad traduit du persan par Eva de Vitray-Meyerovitch.
[4] « Je n’ai créé les Djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent » (Coran, LI, 56)
Calligraphie : « En vérité, nous sommes à Dieu et c’est à Lui que nous retournerons » [innâ li-Llâhi wa innâ ilayhi râji'ûna] (Coran II, 156)

Vous pouvez laisser une réponse.
salam alaykoum,
merci de partager tes « connaissances ». j’ai un besoin d’apprendre et de me révèler qui grandit sans cesse. ton blog me permet d’étancher un peu ma soif, cela fait tellement du bien de te lire et d’essayer par là entre autres de mieux appréhander l’islam dans toute sa beauté.
à bientôt et que Dieu te garde toi, ta famille et tous ceux qui te sont chers.
patience
Wa aleykoum salam,
Si ce blog sert à quelque chose, el Hamdulil’Llah !
Merci pour votre commentaire qui est un soutien inestimable.
Quel beau nom (ou pseudo ?) « patience » !
La patience est une partie des deux moitiés de la foi (l’autre étant la reconnaissance). Ce sont aussi des Qualités divines puisque parmi Ses Noms est « al-Sabûr » (Le Très Patient) et « al-Chakûr » (le Très-Reconnaissant) ; peut-on se rapprocher de Dieu si ce n’est par la foi ?
Merci aussi pour vos gentilles du’as ; qu’il en soit de même tout également pour vous et que Dieu illumine votre coeur de Sa Lumière. Amîn.
Au plaisir de vous lire, ench’Allah.
Fraternellement.
Wa salam.
P.S. Il y a un petit livre très très bien : « le Livre de la patience » de Abu Hamid al Ghazzali.