Coran et langue arabe

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« hâdhâ lisânun ‘arabiyyun mubîn »
« celle-ci est une langue arabe évidente »
(Coran, 16, 103)  (1)

La langue arabe est une langue sacrée en ce que Dieu s’y est révélé. S’Il s’y est révélé, c’est qu’elle présente un caractère archaïque -synthétique-, synonyme de richesse structurale. Elle offre des possibilités qui ne se retrouvent dans aucune langue langue profane qui n’est telle qu’en raison d’une certaine dégénérescence : une langue pauvre en ce qu’elle est vidée du pouvoir de synthèse, cette faculté de varier les divers aspects d’une seule et même idée, du concret à l’universel, en bref, de tout exprimer en peu de mots (un pot de dix centimètres de diamètre contient beaucoup plus de confiture qu’une vaste tartine).

Une langue archaïque « comporte la possibilité de condenser toute une doctrine en une formule brève et concise comme un diamant » (2) Cette possibilité est actualisé pleinement dans le Coran. La concision de la phrase n’en limite pas la profondeur, phrase d’ailleurs brève et répétitive. Ce langage rythmé et cristallin est parfaitement adapté au symbolisme. Rigoureusement phonétique, les lettres désignent également les sons, reflet du Verbe et du Souffle divin qui actualise les formes. « L’identification du son et de l’acte est immédiate et spontané. » (3)

« Tout mot arabe dérive d’un verbe constitué par trois sons invarariables, qui sont comme un idéogramme sonore, et dont dérivent jusqu’à douze différents modes verbaux (…) chacun de ces modes produisant à son tour toute une constellation de substantifs et d’adjectifs, dont le sens premier se rattachera toujours, d’une manière plus ou moins directe, à celui de l’acte fondamental représenté par la racine trilitère de tout « l’arbre » verbal.(4)
Il est évident que cette transparence sémantique du langage, le fait qu’il découle tout entier, dans son symbolisme, de la nature phonétique du verbe, est une preuve de sa relative primordialité. C’est qu’à l’origine, et dans le fond même de notre conscience, les choses sont spontanément conçues comme des déterminations du son primordial qui résonne dans le coeur, ce son n’étant autre chose que l’acte premier, non individualisé, de la conscience ; à ce niveau ou dans cet état, « nommer » une chose, c’est s’identifier avec l’acte ou le son qui la produit (…) (5)
La langue arabe est comme suspendus à l’intuition auditive »(6)

C’est pourquoi la psalmodie du texte coranique -tajwîd- suggéré par le rythme qui lui est inhérent lui rend tout son relief et lui restitue son caractère proprement rituel par analogie au son primordial et indifférencié qui est comme la substance de l’énonciation divine perpétuelle. C’est pour cette raison que tout musulman -non arabe- apprend un minimum de versets coraniques en langue arabe, ne serait-ce que pour accomplir la prière rituelle. Il goûte ainsi à une « saveur » et a conscience que son intelligence dans sa totalité participe plus directement à la Parole divine.


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(1) Le mot arabe mubîn avec lequel Dieu qualifie la langue arabe : hâdhâ lisânun ‘arabiyyun mubîn, « Celle-ci  est une langue arabe évidente » (Coran, 16,103)  correspond au mot français « perspicuité », du latin perspicuus [transparent, qui laisse passer la lumière] avec le suffixe ité -itas- qui en exprime la qualité. Ainsi, en parlant de la langue arabe, Abdul Hâdi Aguéli dans son « Traité de l’Unité », dit : « cette langue est algébrique, de sorte que l’étude de sa grammaire est, pour ainsi dire, l’exposition du mécanisme de la pensée. Il est difficile de faire un faux raisonnement en arabe sans faire des fautes de syntaxe, de lexique ou autres. La perspicuité de la phrase arabe est la meilleure preuve de la sainteté de cette langue, c’est-à-dire de sa primordialité ou de son édénisme. ».
(2) Titus Burchardt, « L’art de l’Islam »
(3) Op, cit.
(4)  D’ailleurs, le classement dans les dictionnaires traditionnels en arabe n’est pas par ordre alphabétique mais  par racines trilitères. Par exemple, si l’on recherche un de ces mots : qadam (pied), qadîm (ancien), taqaddama (est antérieur), muqaddam (représentant),  muqaddimah (introduction), on va à QDM.
(5) Selon le Coran, Adam sut tous les Noms
(6) Op, cit.


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