Le Coran [Al-Qur'ân]
Le terme Coran renvoie au vocable arabe Qur’ân, nom verbal dérivé de la racine Q R ‘A qui implique l’acte de réciter et de réunir. Al Qur’ân signifie donc « récitation », qui est le fait de réactualiser dans l’instant la Parole divine unificatrice. (1)
Le Coran est appelé aussi Al-Kîtab traduit par « Ecriture » ou « Livre ». Ce terme désigne l’Ecrit primordial, La Parole divine inépuisable, le Verbe en Soi, qui est la « Mère du Livre » (XLIII,4) sur la « Table bien gardée » (LXXXV, 22) d’où tout est issu : Ecritures révélées et tous les univers. (2)
Le Coran récité en est la « Descente » (tanzîl) qui ploie l’Histoire sous Sa Grâce, la vague qui happe et ramène à l’Origine. Entière vérité :
« A.L.M.R. Voici les aya de l’Ecriture. Ce qu’on a fait descendre vers toi, de ton Seigneur, est la Vérité, mais la plupart des hommes ne croient point. » (Coran XIII, 1)
Prédication Sublime (LXXXV, 21), préservée de l’erreur (XLI, 42), à l’abri de toute altération (XV, 9), le Coran est bien évidemment la première source de méditation de tout musulman. L’Envoyé de Dieu (saws) a dit :
« Le Coran est le festin auquel Dieu vous invite. Alors accourez à son festin autant que vous le pouvez. Ce Coran est la corde de Dieu et la lumière qui guide. Il apporte la guérison et le bienfait, préserve quiconque tient à lui et sauve quiconque le suit…»
(Hadith rapporté par Al Hakim)
L’idéal, c’est de le réciter en arabe. L’arabe, langue sacrée est rythme et vibration ; ses racines, source ; la lettre, valeur ; mais Dieu fait jaillir -même par appauvrissement de « traductions »- ce qu’Il veut, à qui Il veut. On peut connaître la langue arabe et passer à côté du Coran !
Un texte sacré n’est ni de la littérature, ni un exposé analytique : son origine transcendante échappe à nos investigations. Aussi, ne peut prétendre connaître le Coran et l’Islam celui qui a « lu » le Coran. Seule la foi permet une telle ouverture. Le scarabée aime-t-il l’odeur de la rose ? Verra-t-on jamais une chauve-souris aimer la lumière ?
Le Maître Djalâl-ud-Dîn Rûmî, auteur d’une vaste théodicée, le Mathnawi (commentaire en poésie persane du Coran) dit :
« Le Coran est comme une jeune mariée : tu essaies de retirer son voile, et elle ne te montre pas son visage. Au moment où la jeune mariée, qu’est le sens du Coran ne te donne aucune satisfaction et ne te dévoile rien, c’est parce qu’il refuse que tu lui retires le voile.… »
En effet, le Coran qui s’adresse à tous en prenant l’homme tel qu’il est, n’est pas seulement destiné à constituer le ciment d’une communauté qui prendrait à la lettre tout ce qu’il renferme, il fait pénétrer l’esprit dans un domaine où le mode de pensée discursive est abandonné. En tous les cas, l’être humain n’en percevra que ce qui lui est accessible, selon sa capacité.
Les versets coraniques se disent « aya » (signes miraculeux). Chaque lettre a un sens, chaque verset a de multiples aspects, intérieurs et extérieurs. « Chaque lettre a son sens défini (hadd) et chaque définition implique un lieu d’ascension (matla’)« . Ce lieu d’ascension est très riche puisque l’Envoyé (saws) a encore dit que dans son aspect intérieur beaucoup de sens sont possibles, au minimum sept, au maximum soixante-dix, comparant la profusion de chacun aux « vagues de la mer »….
Voudrait-on percer les sens intérieurs par nous mêmes que cela nous serait impossible. L’orgueil est même l’obstacle irrémédiable. Il est essentiel de comprendre que nous ne pouvons pas atteindre ces contrées tant que la Grâce du Ciel ne nous est pas donnée.
Sans foi, avec une croyance limitée, ou pis encore de la mauvaise foi, certains se disent : « on va voir si on y trouve la vérité », prenant comme point de repère leur propre mesure de celle-ci. Ils y cherchent un ordonnancement, selon leur logique, appliqué à des sujets sublimes et confirmant leurs idées. Ils ne comprennent pas qu’on peut diversifier sur la beauté de Dieu sans que ce soit Parole divine ; par contre, Dieu qui embrasse tout, peut parler de tout, même des choses les plus prosaïques à nos yeux, selon une « classification » déroutante, ce sera toujours Sa Parole. Dieu « n’a pas honte de proposer en parabole quelque moustique et ce qui est en dessus » (Coran II, 26) : pour nous sauver, Il ne craint pas de revêtir des formes concrètes et simples. Il parle avec nos mots. Le résultat, c’est qu’ils se trouvent décontenancés devant une sorte de « fatras », une relative sécheresse, des répétitions, des sujets trop humains… Alors ils ont des yeux et sont aveugles.
Comme l’a exprimé Jacques Berque, dans son « essai de traduction du Coran« , : « si l’on approfondit l’examen, l’on révisera ces impressions superficielles (…) Le Coran fait penser à une polyèdre : unitaire tout ensemble et multiface. Evoquons ce dodécaèdre, projection en volume d’un polygone étoilé… Donc, unité se manifestant en diversité, ou diversité se résolvant en unité, ce message unitaire constitue un trait essentiel de la forme comme du fond. Il est tellement prononcé que si l’on en poursuit la lecture, l’on en vient à se dire que le Coran pourrait se résumer peut être en un seul mot, celui de l’unité de Dieu. Noème géant de l’Unicité divine, il proclamerait, tout au long de ses 6 200 versets et quelque, ce qu’il a ramassé lui-même dans les quatre versets de CXII. Voilà le Kerygme coranique par excellence. Tout le reste en est le dérivé ou les corollaires«
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(1) « Pour ces raisons, le mot Qur’ân ne peut se confondre avec le livre relié qui contient l’ensemble des 114 sourates et 6236 versets recensés d’une manière définitive, que les premiers grammairiens arabes ont nommé « muṣḥaf », livre relié entre deux couvertures. Le titre donné à la plupart des traductions : le Coran entretient cette confusion. En effet, il laisse entendre que le Qur’ân est fondamentalement un livre (muṣḥaf), alors que le Qur’ân est appelé à être récité rituellement, soit par coeur, soit à l’aide du texte imprimé pour en actualiser le contenu, et réactualiser ainsi la Descente dans l’instant où il est « re-cité » c’est-à-dire cité à nouveau, car il est Parole d’Allâh qui unifie grâce à la mise en oeuvre de sa récitation. (Le terme français « récitation » veut dire « re-citer » ou citer à nouveau des paroles préexistantes.) »
(Maurice Gloton dans son introduction à son essai de traduction du Qur’ân,)
(2) L’Univers est un Livre dont les lettres, par leurs innombrables combinaisons, constitue le Destin que Dieu préfigure de toute éternité.
Calligraphie : verset CXII, « la religion foncière ».
HISTOIRE-ENSEIGNEMENT______________________________________________________________
« Une vieille femme bien intentionnée trouva un jour un aigle perché sur le rebord de sa fenêtre. « Drôle d’oiseau! » pensa-t-elle. Il ne ressemblait guère, en effet, aux oiseaux qu’elle avait vu jusque là. En fait, c’était la première fois de sa vie qu’elle voyait un aigle. Aussi eut-elle pitié de lui : elle lui coupa d’abord la crête, puis tailla droit son bec crochu ; enfin, elle lui rogna les ailes qui lui semblaient démesurées. Et elle lui rendit la liberté avec ces mots : « maintenant tu as vraiment l’air d’un oiseau! » L’oiseau mutilé avait désormais tout l’air d’un pigeon! » Voilà ce que les érudits font de la Sagesse. (O.M.Burke.)

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J’ai pas trop bien compris la petite histoire a la fin….
Ya-t-il quelque chose à en tirer?
Assalam’aleykum,
Veuillez excuser le retard à vous répondre.
La leçon est que Vérité est la Vérité ; c’est à nous de nous laisser guider par Elle et non pas à nous de l’adapter et donc de la déformer selon nos désirs et nos préjugés.
Que Dieu vous bénisse et vous accorde Sa Paix.