Le Djihad
Pour vivre dans la Lumière, il faut lutter : c’est un combat de résistant! Et c’est là le sens du mot « djihad » qui signifie exactement « effort sacré » dans le chemin de Dieu.
« Il vous est prescrit de combattre bien que vous l’ayez en aversion. C’est ainsi qu’il vous arrive de détester ce qui vous convient et, au contraire, de rechercher ce qui vous est nuisible…. » (Coran II, 216)
Le Prophète Muhammad (saws) qui était comme l’arc dans les mains de l’Archer (Coran VIII, 17), et qui s’est vu contraint à livrer des batailles contre les agresseurs de sa communauté naissante -agresseurs bien décidés à ne pas désarmer et à ne pas pactiser- a prononcé ces paroles en revenant de l’une d’elle :
« Nous sommes revenus du petit djihad au grand djihad (Rajâna min el jihâdil-açghar ila ‘l-juhâdil-akbar) ».
Par ailleurs et dans le même esprit, il a dit :
« …le vrai combattant est celui qui a combattu son désir », « le combattant dans la voie de Dieu est celui qui lutte contre son propre ego » (Tirmidhi)
Un autre hadith relate que le Messager de Dieu (saws) accueillant un groupe de combattants revenant d’une tâche militaire, leur dit : « Bienvenue aux gens qui ont accompli le petit combat (jihâd al-açghar) et à qui il reste le combat le plus grand (al-jihâd al-akbar). » Surpris, ils lui demandèrent : « Qu’est-ce que la lutte la plus grande (al-jihâd al-akbar). » Il leur répondit : « La lutte contre l’âme (jihâd an-nafs). » (Bihâr al-anwâr vol.16 p182)
Il a donc fait une distinction entre :
– Le « grand djihad » accompli contre sa propre âme, le combat pour vaincre les prétentions égotiques de l’âme qui la disperse et l’attire vers les ténèbres. C’est la lutte à mener contre les ennemis intérieurs, ces éléments idolâtres contraires à l’ordre et à l’unité, afin que seule Sa Parole soit la plus haute et illumine le cœur. Ce combat peut aboutir à l’accomplissement de cet autre hadith : « mourez avant de mourir » (1) qui est Vie de Lumière.
« Ne crois surtout pas que ceux qui sont tués dans le chemin de Dieu sont morts. Il sont vivants ! » (Coran III, 169)
- Le « petit djihad » ou image sensible du combat intérieur. Comme son nom l’indique, si ce combat extérieur est petit par rapport au grand, c’est qu’il n’est que secondaire et intermittent, déterminé par certaines conjonctures. Ce petit djihad n’implique d’ailleurs pas forcément la lutte armée puisqu’un hadith affirme que « l’encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs » (2) et que « le meilleur djihad est fait par celui qui dit un mot de vérité devant un souverain inique »
Si donc le combat armé peut être imposé par certaines circonstances -après avoir épuisé toute autre solution-, il ne peut être que défensif en vue de la justice, dépourvu d’esprit de vengeance (ce n’est pas n’importe quel pinpin qui décide de ce djihad).
Pour illustrer cet état d’esprit, on raconte que lors d’une bataille, alors qu’Ali (ra) était en prise avec un adversaire et qu’il s’apprêtait à lui porter le coup fatal, celui-ci lui cracha au visage. Ali arrêta son mouvement et s’en alla. Questionné sur son agissement, il répondit qu’il ne voulait pas, en le tuant, donner à son âme la possibilité de se venger parce qu’elle avait été humiliée !
Dieu n’aime pas les agresseurs ( hadith et Coran II, 190) et les injustes qui sèment corruption et scandale, attitude inverse du Djihad qui a pour but la Paix, racine du mot Islam. Il ne peut non plus avoir pour but la propagation de l‘Islam : « Nulle contrainte en religion » (Coran II, 256), « Ta mission n’est pas de leur imposer la foi » (Coran L, 45) « Voudrais-tu les contraindre à se convertir ? » (Coran X, 99)
« Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre), parce que vraiment ils sont lésés ; et Dieu est certes à même de les secourir : ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, contre toute justice, simplement parce qu’ils disaient : « Dieu est notre Seigneur »…… » (Coran XXII, 39-40)
ceux «… qui impudemment agressés, se défendent » (Coran XLII, 39)
Le djihad est l’attitude combative et constructive d’une lutte permanente pour vaincre divisions et oppressions, internes et externes, afin de faire prévaloir la justice et l’harmonie sur le monde de la guerre, guerre se disant « harb » en arabe.
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(1) Selon une autre version : « Mourez avant que la mort ne vienne à vous » (Hadith cité par Muslim et Bukhari et raconté par Sanaï.
(2) Ash-Shîrâzî selon ‘Imrân ibn Husayn et Ibn Al-Jawzî selon An-Nu’mân ibn Bashîr par Suyûtî dans Al-jâmi’ aç-çaghîr. Ce hadith est également cité par Bayhaqi (qui vécut au début du XIesiècle dans le Khurasan, sainte personnalité qui se voua à recueillir, approfondir et transmettre les paroles des saints personnages depuis la naissance de l’islam), sous cette forme : « Le jour de la résurrection, quand on pèsera l’encre des savants et le sang des martyrs, c’est l’encre des savants qui l’emportera. » considérant que « Les savants sont les héritiers des Prophètes » (Muslim et Bukhari), indiquant le rôle prééminent des savants comme gardiens de la transmission que Dieu élèvera de plusieurs degrés (selon la parole coranique).
Ibn ‘Abd al-Barr évoqua les savants dans ce poème :
ومداد ما تجري به أقلامهم * أزكى وأفضل من دم الشهداء
يا طالبي علم النبي محمد * ما أنتم وسواكم بسواء
Et l’encre qui coule de leurs plumes
Est plus pure et vertueuse que le sang des martyrs
Ô étudiants de la Science Prophétique
Vous n’êtes pas sans distinction
["Jami Bayan Al-Ilm", 1/31]
La lutte
« Au sein de l’Océan où tu nais submergée,
Ame humaine, perle fine, en ta coquille cachée,
N’es- tu pas un joyau de toi-même ignoré ?…
Mais voici que vers toi un fier navire s’avance :
De toute sa cargaison il te faut t’emparer,
Pour sertir de ses biens ta couronne de science,
Où triomphera pour toi : «Lumière et Vérité »
Protectrice de ta lutte et de tes efforts,
La vague amie te mène au centre d’un trésor
Où le « Mudjahédé » (1) doit te livrer son or.
Là deux sultans rivaux se tiennent face à face,
Ton cœur est le champ-clos de leurs luttes tenaces
Là, sera couronné le Sultan « Passion »
A moins que par sa force le Sultan « Raison »
Ne triomphe de lui, châtiant son audace.
Sultan « Passion » et sa garde royale,
Entraînant au combat le « Nafs » (2), l’âme bestiale,
Se voit vite opposer les plus vaillants soldats
D’Es-Rouh (3), l’allié de « Raison » et de son sultanat.
Puis, apparaît l’arbitre, il clame : « O Cavaliers !
N’êtes-vous pas du Seigneur les fiers Chevaliers ?…
O troupes de Hak (4) : Foncez ! Donnez la charge !
Et vous guerriers de « Passion » : redoublez de rage !
(Chacun ne veut-il pas gagner à son parti
La victoire ailée, fût-elle son ennemie ?)
Mais intervient la Grâce. Elle dit : « vaincra celui
Que j’aurai secouru, même s’il a faibli »
O Grâce ! Celui qui par toi peut être accompagné,
Quels que soient les détours de sa route escarpée,
A Mak-Ad’sidk (5), Temple du Glorifié,
Recueillera là le prix de sa fidélité.
(Abd al-Qâdir al-Jilânî, dans « un grand saint de l’Islam » de Mehmmed Ali Aïni, Editions Geuthner)
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(1)combat de la conscience ; exercices spirituels ; luttes du bien et du mal
(2) Nafs = l’ego, l’âme bestiale que chacun porte en soi
(3) El-Rouh : l’Esprit.
(4) Hak : Dieu -le Vrai-
(5) Mak-ad’sidk : le degré le plus élevé dans la proximité divine.

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merci pour cet article
Assalam aleykoum wa rahmatoullahi wa barakatouhou,
El Hamdulil’lah !
continuez sur cette voie,merci
Assalam aleykoum wa rahmatoullahi,
Sidi Abd el Hafid, barak’Allahoufik.
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